La stratégie iranienne est "de montrer qu'Israël est en insécurité", selon Frédéric Charillon, politologue

Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril 2024, l'Iran a lancé plus de 200 missiles et drones sur Israël. Une attaque sans précédent, maîtrisée par le gouvernement israélien, et réalisée en réponse directe à l'attaque du consulat iranien par l'Etat hébreu.
Pour le politologue Frédéric Charillon, "il n'y avait pas une recherche d'efficacité militaire dans cette frappe". Le spécialiste des relations internationales rappelle au micro de RMC que l'Iran avait annoncé cette attaque et que la défense aérienne israélienne est réputée "solide", indiquant que Téhéran savait avoir peu de chances de faire des dégâts.
En réalité, d'après l'expert, cette attaque avait pour objectif d'envoyer un message politique. "Il veulent montrer qu'Israël est en insécurité, et ils veulent faire peser le risque d'escalade sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou", indique-t-il.
Quel avenir entre Israël et Téhéran ?
A la suite de cette attaque, l'avenir des tensions entre Israël et l'Iran est encore incertaine. "Il va y avoir des pressions américaines sur Israël pour en rester là", affirme Frédéric Charillon. "Maintenant, c'est le camp israélien qui se retrouve dans la même position que l'Iran", ajoute-t-il.
En effet, les Iraniens ont attaqué Israël à la suite de l'assaut opéré sur leur consulat. Une réaction jugée primordiale pour "marquer le coup". Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran, estime qu'il s'agit là "d'une réponse calibrée". Il explique au micro de RMC : "L'Iran est obsédée par la défense de son territoire. L'idée c'est quand même de se mettre à leur place. Leur consulat a été attaqué".
L'expert développe par ailleur le côté "calculateur" de Téhéran. "Il ne veulent pas d'un vrai conflit. Le message de ce matin est clair, ils ne veulent pas un conflit total avec Israël et sans doute avec les Etats-Unis", ajoute-t-il.
Alors que l'Iran appelle Israël à ne pas réagir militairement à cette attaque, et prévient qu'une nouvelle erreur impliquera une réponse "considérablement plus sévère", l'avenir entre les deux pays n'est plus entre les mains de Téhéran. "La balle est dans le camp israélien", indique Thierry Coville.
Après l'envoi de 200 drones et missiles, l'Etat hébreu a annoncé des représailles. Une situation qui provoque l'inquiétude de nombreux représentants politiques.
Sur X, le ministre des Affaires étrangères français a pointé les risques pris par l'Iran. "En décidant d'une telle action sans précédent, l'Iran franchit un nouveau palier dans ses actions de déstabilisation et prend le risque d'une escalade militaire", a écrit Stéphane Séjourné. Il précise que "la France réaffirme son attachement à la sécurité d'Israël et l'assure de sa solidarité".