Manifestations en Algérie: "Bouteflika veut mourir président, avoir des funérailles internationales"

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Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche, malgré un important dispositif policier, dans le centre d'Alger pour s'opposer à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui, selon le site Alg24, est arrivé à Genève dans la soirée pour des examens médicaux.
En ce premier jour de semaine, la mobilisation a été bien plus faible que lors des manifestations massives de vendredi, qui ont surpris par leur ampleur et ont marqué les esprits. Des manifestations qui ont surpris tout le monde selon Antoine Basbous, directeur de l'observatoire des pays arabes.
"La réaction du peuple est venue des stades de foot. Ça a surpris l’opposition et le pouvoir qui pensé qu’il aurait son cinquième mandat", explique-t-il.
Abdelaziz Bouteflika est à la tête de l’Algérie depuis 20 ans. Cependant, son état de santé ne lui permet plus de tenir son rang depuis de nombreuses années déjà.
"Il n’a pas prononcé un seul discours depuis 2012. Depuis six ans, il est alité. Son premier mandat, il l’a passé dans l’avion à aller défendre l’Algérie à l’ONU, maintenant quand il prend l’avion, quand il quitte son lit, c’est pour aller à l’hôpital à l’étranger ce qui veut dire que les hôpitaux en Algérie de ne conviennent pas au président de la République", affirme Antoine Basbous.
Révolte de certains journalistes
Il estime que le président algérien veut passer sa vie à la tête de l’État. "Il veut une canonisation. Il veut mourir président, avoir des funérailles internationales, être enterré dans la Grande Mosquée qu’il est en train de construire en bord de mer. Et donc cette semaine, c’est la grande surprise qui a bouleversé les échéances", précise-t-il.
le 10 février à des mois d'interrogations sur ses intentions, en annonçant dans une "lettre à la Nation" qu'il briguerait un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril, scrutin qui est présenté comme joué d'avance. Dimanche, un vent de révolte a également soufflé sur la radio nationale algérienne: des journalistes ont dénoncé le silence imposé à l'antenne par leur hiérarchie sur les manifestations massives de vendredi, dont les médias audiovisuels publics n'ont pas fait état.
Dans une lettre, ils ont notamment fustigé le "non-respect de la neutralité dans le traitement de l'information au sein" des rédactions de la radio et "le traitement exceptionnel" réservé au camp présidentiel au détriment de l'opposition.