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Parlementaire européen, je suis pour radier à vie ceux qui trichent

Un député européen, en pleine session du parlement européen, à Strasbourg (photo d'illustration).

Un député européen, en pleine session du parlement européen, à Strasbourg (photo d'illustration). - Frederick Florin - AFP

Le député européen socialiste Marc Tarabella, raconte comment l'interdiction en 2009 d'employer un proche comme assistant a eu un effet bénéfique au Parlement européen. Il plaide sur RMC.fr pour l'extension de cette interdiction à l'ensemble des pays européens.

Marc Tarabella est membre du Parti socialiste belge. Il est député européen du Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen, depuis 2004. 

"Je n'ai pas eu besoin qu'on fasse cette règle au Parlement européen pour que dans ma vie politique, je m'interdise d'avoir des gens de ma famille dans mes collaborateurs. Ce n'est pas décent, et cela devrait être interdit. On voit aujourd'hui comment la suspicion règne sur les élus. Qu'on s'entoure de gens de confiance, c'est normal, mais c'est choquant quand on est entouré par un membre de sa famille ou son épouse ou son époux. Que doivent penser les citoyens qui n'ont alors aucune chance d'atteindre ce poste de responsabilité? Ce népotisme me semble gênant et malsain, surtout qu'il s'agit de deniers publics.

"Prenons l'exemple du Parlement européen"

Ce qui se fait au Parlement européen, où il est interdit d'employer un proche comme assistant parlementaire, doit être un exemple. C'est interdit depuis 2009, mais avant, j'ai connu des enfants qui étaient l'assistant de leur papa, ou monsieur travaillait avec madame et inversement... Les gens travaillaient réellement, il ne s'agissait pas de malhonnêteté, mais aujourd'hui, c'est réellement interdit et tant mieux. Évidemment il serait plus sain que les élus s'interdisent d'eux-mêmes ce type de pratiques, mais puisque certains le font et que ça jette le trouble - la fonction politique est aujourd'hui particulièrement visée alors qu'elle doit être au-dessus de tout soupçon -, il faut généraliser l'interdiction.

"J'en ai ras-le-bol d'être sali en permanence"

Il y a une minorité de politiques qui trichent, et quand ils sont découverts ça jette l'opprobre sur tout le monde. Et moi j'en ai ras-le-bol d'être sali en permanence, d'être injurié sur les réseaux sociaux parce que quelques-uns trichent. Puisque certains n'ont pas le réflexe d'être éthiques naturellement, il faut des règlements. Un règlement clair qui ne doit pas être dans la demi-mesure: quand il y a tricherie grave, c'est la radiation à vie! Croyez-moi, quand on fait un exemple comme ça les autres réfléchissent.

Il y a l'affaire Penelope Fillon en France, mais en Belgique aussi nous avons nos affaires. Un ministre vient d'être poussé à la démission parce que sa compagne était rémunérée à la fois par la ville et le cabinet ministériel où il était en fonction. Il y a aussi des accusations sur des députés européens Front national qui utiliseraient des assistants parlementaires du Parlement européen au profit du parti. En Roumanie, le gouvernement social-démocrate qui vient d'être élu avec beaucoup de suffrages veut amnistier les politiques qui ont détourné des fonds et qui sont en prison aujourd'hui." 

Propos recueillis par Philippe Gril