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Plus de 1.500 roquettes tirées depuis Gaza selon Israël: comment fonctionne le "Dôme de fer"?

Ce bouclier antimissiles, déployé aux frontières du territoire palestinien de Gaza, du Liban et de la Syrie, permet d'intercepter des projectiles lancés vers le territoire israélien.

Les images sont impressionnantes: en pleine nuit, des roquettes s'envolent dans le ciel, explosant quasi-instantanément.

Plus de 1.500 roquettes tirées vers Israël, des frappes continues sur la bande de Gaza et au moins 90 morts: l'affrontement armé entre le Hamas et l'Etat hébreu ne donne mercredi aucun signe d'apaisement et fait craindre une "guerre à grande échelle". Maisons ravagées, voitures foudroyées, installation pétrolière touchée: Israël s'est réveillé aussi mercredi avec des dommages inégalés depuis la guerre de Gaza de 2014.

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Système pas efficace à 100%

Le bouclier antimissiles "Dôme de Fer" d'Israël, déployé aux frontières du territoire palestinien de Gaza, du Liban et de la Syrie, permet d'intercepter des projectiles lancés vers le territoire israélien.

Développé par Israël avec l'aide des Etats-Unis et vendu notamment à l'armée américaine, le système "Dôme de fer" est destiné à contrer les projectiles de courte et moyenne portée (roquettes, obus d'artillerie) visant des zones habitées. Il permet d'abattre en vol des engins d'une portée allant jusqu'à 70 km, mais ne peut bloquer des ballons incendiaires ou d'autres projectiles lancés à très basse altitude.

Plus de 1.000 roquettes tirées depuis Gaza selon Israël: comment fonctionne le "Dôme de fer"?
Plus de 1.000 roquettes tirées depuis Gaza selon Israël: comment fonctionne le "Dôme de fer"? © DR

S'il a d'abord suscité le scepticisme quant à son efficacité, le bouclier antimissiles, déployé il y a une dizaine d'années, a depuis intercepté des milliers de roquettes palestiniennes en provenance de l'enclave de Gaza.

Chaque tir de batterie revient à environ 50.000 dollars

En mars dernier, Israël a dévoilé la nouvelle version qui peut désormais intercepter "simultanément" roquettes, missiles et drones, selon l'Etat hébreu. Ces dernières années des drones venus de Syrie et du Liban ont tenté de pénétrer dans l'espace aérien israélien. Des drones israéliens ont aussi été abattus ou retrouvés au Liban voisin.

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La première batterie "Iron Dome" a été installée en mars 2011 dans la région de Beersheva, la capitale du désert du Néguev, située à 40 km de la bande de Gaza. D'autres batteries ont ensuite été déployées, notamment près des villes d'Ashkelon et Ashdod, au sud de la grande métropole de Tel-Aviv, et près de la ville de Nétivot, à 20 km de la bande de Gaza. Chaque batterie comprend un radar de détection et de pistage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de 20 missiles d'interception.

Le système - qui ne saurait être efficace à 100%, de l'aveu même de ses concepteurs - permet d'abattre en vol des engins d'une portée de 4 à 70 km.

Nouveau mortier à guidage laser

Développé par le groupe d'armement public Rafael Defense Systems basé à Haïfa (nord d'Israël), le "Dôme de Fer" est financé en partie par les Etats-Unis. Chaque tir de batterie revient à environ 50.000 dollars (environ 41.000 d'euros), selon les médias. La mise en place du système, décidée en 2005, avait d'ailleurs été retardée pour mieux former le personnel mais aussi parce qu'il semblait exagérément cher.

Outre le "Dôme de Fer", Israël dispose de batteries antimissiles Arrow ("Hetz" en hébreu), capables d'intercepter des missiles balistiques, et David's Sling (la Fronde de David) pour des engins à moyenne portée.

En mars, Israël a présenté un nouveau mortier à guidage laser, le "Iron sting", "conçu pour frapper des cibles avec précision dans des terrains ouverts ou des zones urbaines et ce, en minimisant la possibilité de dommages collatéraux", selon le ministre de la Défense Benny Gantz.

Comment sont fabriquées les roquettes du Hamas?

Pourtant, ce n’est pas nouveau. Il y a exactement 30 ans, on avait découvert ce système d’armes lors de la première guerre du Golfe. Il s'agissait des missiles américain “Patriots” qui avaient été déployés, déjà pour protéger Jérusalem et Tel Aviv, à l'époque contre les Scuds, des missiles longue portée Irakiens tiré par Saddam Hussein.

Ces missiles étaient particulièrement efficaces et avaient détruit presque tous les autres: et déjà on avait assisté à ces interceptions en direct à la télévision, Comme des feux d'artifices, comme ce que l’on a vu depuis 48 heures. 

La modernité de ces armes contraste avec la vétusté des missiles palestiniens. Et pour cause, Gaza est sous blocus depuis des années, les armes palestiniennes ne peuvent être importées qu’au compte-goutte par les tunnels qui passent sous la frontière égyptienne. Ou alors, elles sont fabriquées sur place.

Les premiers missiles Qassam, il y a une quinzaine d'années, étaient assemblés dans des garages. C’étaient des tubes de métal remplis de quelques kilos d’explosif. Ces roquettes étaient propulsées par un combustible, composé de sucre et d'engrais agricole. Le tout pour un coût d’environ 800 euros maximum et avec une efficacité très médiocre. Ils avaient une portée de 3 à 5 kilomètres et n'atteignait que les deux petites villes israéliennes les plus proches de Gaza. 

Depuis, les Qassam - quatrième génération désormais - ont progressé et atteignent maintenant Jérusalem et Tel Aviv qui sont à 80 ou 70 kilomètres de Gaza. Mais cela reste des armes rustiques, sans système de guidage, très imprécis. Sur les 1.500 roquettes environ tirées depuis lundi, 200 sont retombées sur la bande de Gaza, c'est-à dire sur les pieds de ceux qui les ont tirés…

D'autres pays disposent d’un bouclier antimissile

Et le plus élaboré est le bouclier américain qui est surtout fait pour intercepter une éventuelle attaque de missiles nucléaires. Il protège le territoire américain à l’ouest, mais il nous protège également nous les européen avec des missiles anti-missile installés en Europe de l’Est, en Pologne principalement. La Corée du sud est également protégée par un bouclier américain contre une possible attaque de la Corée du Nord.

Quant à la France, elle ne protège pas son territoire avec ce type de bouclier parce qu’il n’y a pas de menace crédible. Mais l’armée a développé un système de défense antimissile qui protège nos navires de guerre lorsqu’il approche des zones à risque, par exemple la Méditerranée orientale. 

Le système français s’appelle "Aster30", la dernière version sera mise en service en 2024 et pourra aussi protéger les soldats français sur les théâtres de guerre. Par exemple, monter un bouclier autour des bases françaises au Sahel… 

Nicolas Poincaré et Xavier Allain