Pourquoi François Fillon est accusé de proximité avec la Russie

Un ancien Premier ministre revient dans l’actualité. François Fillon est accusé par le gouvernement d’être un “complice de Vladimir Poutine”. En pleine crise ukrainienne, l’accusation est venue du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune. Dans une interview à Radio J dimanche, il demande à Valérie Pécresse de “clarifier sa position” vis-à-vis de François Fillon, qui selon lui “préfère l’argent à son pays”, et “se déshonore en se mettant au service des intérêts financiers russes”.
Si François Fillon semble bien loin de la vie politique française, il n’a pas perdu le sens des affaires. En attendant que la Cour d’Appel de Paris confirme, ou non, sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de son épouse Pénélope, l’ancien Premier ministre occupe son temps en siégeant au Conseil d’administration de deux sociétés russes, dirigées par des oligarques très proches de Vladimir Poutine.
Dernière en date, Sibur, géant de la pétrochimie. Cadeau de Noel le 23 décembre dernier, on apprend que François Fillon a été nommé administrateur indépendant, au sein de ce groupe contrôlé par deux proches du Kremlin: Leonid Mikhelson, l’un des hommes les plus riches de Russie, et Guennadi Timchenko, un ami du président Poutine.
Officiellement, l’ancien dirigeant français est recruté pour son “expertise unique en matière de développement durable”. Au mois de juin dernier, déjà, son nom figurait sur un décret signé par le Premier ministre russe lui-même. François Fillon a été nommé “représentant de la Fédération de Russie” au Conseil d’administration du groupe pétrolier public, Zaroubejneft, spécialisé dans l’exploitation de gisements d’hydrocarbures.
Il y siège comme président d’Apteras, la société de conseil qu’il a fondée en 2017, après son naufrage à la présidentielle. Reconversion professionnelle qu’il assumait dans les colonnes du Monde. “J’ai accompagné plusieurs entreprises en Russie, et on m’a proposé de siéger dans des conseils d’administration”, expliquait-il.
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Valérie Pécresse fragilisée?
François Fillon monnaye donc, et sans doute très cher, son carnet d’adresses et son expérience d’homme d’Etat. Il est loin d’être le seul. Les mêmes reproches sont adressées en Allemagne à l’ancien Chancelier Gerhard Schröder, qui officie pour plusieurs géants russes, dont Gazprom et Nord Stream, le fameux Gazoduc au cœur de la crise actuelle.
D’anciens dirigeants autrichiens ont suivi le même chemin. La Russie y gagne de beaux ambassadeurs. Le point commun, c’est qu’ils tiennent tous des propos très favorables à Vladimir Poutine. François FIllon ne s’en est jamais caché. Encore en juin dernier, à Saint-Pétersbourg, il estimait que les sanctions prises par l’Occident étaient “stupides et illégales”. Et pour cause, les deux oligarques pour qui il travaille aujourd’hui sont sur la liste des potentielles cibles.
Fillon “complice de Poutine”, voilà donc le nouvel angle d’attaque contre Valérie Pécresse qui, rappelons-le, a choisi le même directeur de campagne que lui, et composé son équipe avec un certain nombre de ses proches. De son côté, François Fillon sera fixé sur l’affaire Pénélope le 9 mai prochain. La décision de la Cour d’Appel est prévue juste après la présidentielle.