Scandales, plagiat, pandémie: le chemin de croix des JO de Tokyo
Rien n’aura été épargné au Japon pour ces JO. Une année de report. Pas de public lors des épreuves. Des cas de Covid qui se multiplient dans le village olympique.
Jeudi, l’empereur déclarait qu'organiser les Jeux était "loin d'être une tâche facile". Et ils ne sont peut-être pas au bout de leur peine.
Les Jeux ont tout de même été maintenus, avec une cérémonie d'ouverture ce vendredi à 13h. Une cérémonie simple et sobre, à huis clos hormis quelques VIP dont l’empereur évidemment, et Emmanuel Macron, organisateur des prochains JO. Moins de 1.000 personnes dans un stade conçu pour en accueillir 68.000.
Et surtout, cette cérémonie se déroulera sans directeur artistique: il a été limogé hier. Kentaro Kobayashi a fait une blague sur l’holocauste, il y a 20 ans, dans un sketch humoristique. Ce sketch vient de refaire surface. Viré.
En début de semaine, c’est un des compositeurs de la musique de la cérémonie qui a démissionné. Dans les années 90, il avait raconté qu’il avait persécuté des camarades de classe handicapés. Tout ça sur un ton trop léger. Débarqué.
Des Jeux de la reconstruction... aux Jeux de la pandémie
Il faut dire que ça avait mal commencé, avant même la pandémie. Pourtant, en 2013, quand le Japon obtient les Jeux, c’est un moment historique pour les Japonais. Des présentateurs de télévision pleurent en direct à l’antenne. Le Japon parle alors des Jeux de la reconstruction, après la catastrophe de Fukushima qui avait fait 18.000 morts. Désormais, le Japon parle des Jeux de la pandémie.
S’ensuit une suite de scandales et de calamités successives. En 2015 d’abord, plusieurs faux départs : le projet du nouveau stade olympique doit être revu. Car son coût exorbitant fait scandale.
Deux mois plus tard, c’est le logo des JO qui pose problème: il a vraisemblablement été plagié sur celui du théâtre de Liège en Belgique. A refaire donc.
En 2019, le président du Comité olympique japonais démissionne pour une affaire de pots-de-vin autour de l'attribution des Jeux à Tokyo. L’enquête de la justice française est toujours en cours.
Et puis en été 2019, des épreuves tests sont menées à Tokyo. Et il y fait si chaud et humide que c’est jugé dangereux pour les sportifs. Le comité olympique impose le transfert du marathon et des épreuves de marche à Sapporo, à plus de 800 km au nord de la capitale.
Un report à plus de 2 milliards d'euros
Il y a aussi bien sûr, le report d'une année. Un report qui a coûté 2,3 milliards d’euros. Et 2020 est aussi l’année où le président de Tokyo 2020 doit démissionner. Il a déclaré que les femmes parlent trop lors des réunions.
A cela s’est ajouté le Covid qui repart depuis mi-juillet au Japon. Pas de public donc pendant les épreuves. Et une population japonaise très hostile à ces Jeux.
Difficile pour le gouvernement japonais d'annuler ces Jeux. Une fois que les préparatifs sont lancés, que les stades sont construits, cela demande beaucoup de courage politiques de dire stop.
Et seul le comité international olympique peut annuler des Jeux sans contrepartie. Quand c’est le pays hôte qui décide d’annuler les jeux, il doit en assumer le prix. C’est-à-dire ici 14 milliards d’euros. Les maintenir coûtait donc beaucoup moins cher.
Les mauvaises surprises ne sont peut-être pas finies. Les Japonais n’ont qu’une peur, c’est d’être responsables d’un énorme cluster mondial à la sortie des Jeux. Il faut dire que 80.000 athlètes, personnels d’encadrement et journalistes étrangers vont se croiser au Japon.
Mais ils craignent aussi un "variant olympique" chez eux. Le Japon est à la traine en matière de vaccination. Et un confinement sévère serait une perte économique bien plus importante que ce qu’aurait coûté l’annulation des Jeux.
Après toutes ces épreuves, quelques belles médailles côté japonais seraient presque méritées.