Sommet du G7 en Italie: la revanche de Giorgia Meloni

L’Italie accueille jusqu'à ce vendredi 14 juin 2024 au soir un sommet du G7. C’est une Première ministre triomphante qui reçoit les dirigeants des pays les plus industrialisés. Giorgia Meloni prend une revanche. L’an dernier, lors du sommet du G7 au Japon, elle était regardée de travers. C'était la seule dirigeante d’un grand pays occidental à être classée à l'extrême droite. En Italie, on dit "post-fasciste".
Un an après, le vent à tourné. D’abord, la plupart de ses partenaires sont affaiblis. Emmanuel Macron vient de dissoudre l’Assemblée nationale. L’Allemand Olaf Scholz a reçu une claque aux européennes. L’Anglais Rishi Sunak est en sursis, car il risque de perdre les législatives dans moins d’un mois. Joe Biden n’est pas sûr d'être là l’année prochaine. Alors que Giorgia Meloni, elle, vient de remporter une large victoire aux européennes et en étant elle-même tête de liste… Sur la photo de famille du G7, elle est la seule femme, mais aussi celle qui est la plus populaire dans son pays.
Des résultats économiques décevants
Quel est son bilan, un an et demi après son arrivée au pouvoir? Les mauvaises langues disent qu’elle n’a pas fait grand-chose. En tout cas beaucoup moins que prévu. Économiquement, les résultats sont décevants. La croissance est en berne, les déficits restent élevés, la dette aussi. Le chômage des jeunes dépasse les 20%. Elle a surtout pris des mesures très symboliques. D’abord, la suppression du revenu citoyen, l’équivalent de notre RSA, ce qui a plongé des milliers d’Italiens dans la misère. Mais aussi, plus récemment, une mesure beaucoup moins libérale: la taxation des profits des banques. Un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche…
Mais c’est surtout sur la question de l’immigration qu’elle était attendue. Parce que c’est une des raisons de son succès en 2022. Elle avait promis un blocus naval en Méditerranée, pour mettre un terme à l’arrivée massive d’immigrants africains à Lampedusa. Finalement, ce blocus n'a pas eu lieu et, dans un premier temps, le nombre de clandestins atteignant les côtes italiennes a même fortement augmenté, après l'élection de Giorgia Meloni.
L'immigration légale en hausse
Au bout du compte, la présidente du Conseil italien est à l'origine d’un accord entre l'Europe et la Tunisie. L'Europe paye une fortune au gouvernement tunisien pour qu’il empêche les bateaux de partir. Résultats: ces migrants vivent dans des conditions épouvantables en Tunisie, mais, de fait, le nombre d'arrivées a fortement baissé en Italie. Et Giorgia Meloni est en train de mettre en place un système pour sous-traiter à l’Albanie l'accueil des demandeurs d’asile.
Dans le même temps, elle a augmenté l’immigration légale. On peut même dire qu’elle a "ouvert les vannes", puisque l'Italie a accordé 400.000 visas de travail sur trois ans. Décision prise sous la pression du patronat, qui a besoin de main d'œuvre.
Désaccord sur l'avortement
Giorgia Meloni a aussi pris des mesures sur le thème de la famille. Son gouvernement encourage les mairies à ne pas enregistrer deux pères ou deux mères pour un enfant. La GPA (gestation pour autrui) était déjà interdite mais elle est devenue un délit. Giorgia Méloni revendique d'être une catholique pratiquante, décidée à défendre la famille traditionnelle.
Mais sur ce sujet, elle irrite ses partenaires du G7. Le sommet devait adopter un texte sur l’avortement. Un texte qui se prononçait pour un accès "sûr et légal" à l'IVG (interruption volontaire de grossesse). Il était notamment important pour Joe Biden, à l’heure où le droit à l’avortement est fortement remis en cause aux États-Unis. Giorgia Meloni s’oppose à ce texte. À l’heure actuelle, les discussions sont encore en cours pour trouver un compromis avant ce soir. Mais c’est la première fois que la Premiere ministre italienne tente de peser sur une décision importante. Seule contre tous…