Les "LOTI", victimes de la guerre taxis - VTC?

Un chauffeur VTC, lors d'une précédente manifestation à Paris, en 2014. - Martin Bureau - AFP
Ils se disent les "grands oubliés" du gouvernement dans le conflit entre les taxis et les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). Plusieurs centaines de chauffeurs qu'on appelle "LOTI" sont attendus ce mercredi matin dans un cortège qui doit défiler dans les rues de Paris jusqu'aux Invalides. LOTI, cela veut dire "Loi d'orientation du transport intérieur". Les chauffeurs "LOTI", ce sont des salariés d'entreprises de transports collectifs à la demande, prévus pour le transport scolaire ou de touristes en groupe par exemple, mais qui normalement n'ont pas le droit de transporter un seul individu sur le mode des VTC.
Or, selon l'association Alternative mobilité transport (AMT) à l'origine de cette mobilisation, 70% des chauffeurs VTC seraient des salariés de ce genre d'entreprises "LOTI". Les plateformes Uber France, Chauffeurs privés, CinqS et SnapCar ont d'ailleurs décidé de relayer cet appel à manifester et assurent leur soutien aux entreprises de chauffeurs LOTI.
"Je n'ai pas l'argent pour faire la formation VTC"
RMC a rencontré un de ces chauffeurs, Karim. Dans sa voiture haut-de-gamme, il se sent comme un poisson dans l'eau. Embauché depuis un an dans une société de transports collectifs, il travaille à la fois pour Uber et pour Chauffeurs privés. "J'adore ce travail, j'adore parler avec les clients. Les clients sont très contents", assure-t-il. S'il a adopté ce statut, c'est parce qu'il lui permet d'éviter la couteuse formation pour devenir VTC "officiel".
"Moi, je n'ai pas l'argent pour passer (sic) la carte VTC. Les centres de formation demandent 2.800 euros pendant un mois et demi".
La lettre qui "provoque l'ire des plateformes"
Une concurrence déloyale donc pour les taxis, mais aussi les autres chauffeurs VTC. Et on l'a vu, les plateformes n'hésitent pas à utiliser ces chauffeurs LOTI. Le gouvernement a donc décidé de siffler la fin de la récréation. "Nous avons adressés vendredi une lettre de mise en demeure aux plateformes : elles devront adresser d'ici le 28 février la liste des exploitants avec lesquels elles travaillent, pour que nous croisions cette liste avec la liste des certifications et vérifier qu'elles respectent bien la loi", explique chez Jean-Jacques Bourdin le député PS Laurent Grandguillaume, nommé médiateur dans le conflit qui oppose taxis et VTC. Une lettre "qui a provoqué l'ire de certaines plateformes" qui ont donc décidé de soutenir la manifestation de ce mardi. Directement ciblés par cette missive, les chauffeurs LOTI et les entreprises qui les emploient se disent inquiètes.
"On supprime notre principale source de revenus"
Jean-Marc Bouaziz est le vice-président de l'association Mobilité autrement, à l'origine de la manifestation. Il est lui-même patron d'une petite entreprise de 20 chauffeurs LOTI. Il demande du temps au gouvernement. "Pendant 5-6 ans il y a eu une espèce de flou maintenu par tout le monde, les plateformes, le gouvernement… Aujourd'hui on supprime notre principale source de revenus. Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain, c'est tout ce qu'on demande. Parce que sinon on va être obligé de licencier à très court terme". Selon l'association, près de 10.000 emplois pourraient être menacés.