Manta, le bateau "mangeur de plastique", va-t-il sauver les océans?
C’est en bouclant son tour du monde à la voile il y a quelques années qu’Yvan Bourgnon a eu cette idée, en constatant qu’on ne peut plus naviguer sans tomber sur des masses de déchets divers et variés, des jouets, des tubes de dentifrice, des bouteilles de shampoing...
Un bateau mangeur et recycleur de plastique prévu pour 2024. Un catamaran baptisé le Manta –comme la raie manta, ce poisson majestueux qui a une très grande bouche et qui nage gueule ouverte pour avaler le plancton. Là, par biomimétisme, c’est un peu le même principe : le bateau a été conçu pour aller avaler la pollution plastique des océans.
C’est un mastodonte : 56 mètres de long, haut comme un immeuble de 20 étages. Lorsqu’il arrive sur une zone polluée où les déchets plastiques se sont agglomérés à cause des courants (embouchure d’un fleuve…) le bateau va déployer plusieurs systèmes de collecte : des chaluts, deux grues et deux petits bateaux d’appoint qui vont manœuvrer en zones peu profondes.
Le bateau va récupérer les gros morceaux jusqu’à 1 mètre de profondeur, mais aussi des déchets de l’ordre de 10 mm. Et ensuite c’est une vraie usine de recyclage embarquée : des tapis roulants vous « aspirer » les déchets, à bord, des marins vont les trier en fonction de leur type, puis le plastique va être en partie retraité à bord, et transformé en énergie. En utilisant la pyrolyse, un procédé chimique qui va transformer le plastique, en gaz de synthèse, le tout sans combustion.
Donc on récupère des déchets et on s’en sert pour faire avancer le bateau. Au-delà de l’aspect écologique, c’est un projet d’ingénierie assez fou. Aussi une aventure entrepreneuriale: 58 ingénieurs, des partenaires industriels, 3 ans de recherche et développement.
Une solution parmi d’autres pour aller nettoyer les 10 millions de tonnes de plastique qui sont déversées chaque année dans les océans
Les études montrent qu’en 2050 il y aura autant de morceaux de plastique que de poissons ! Il n’y a pas de solution miracle, il faut faire le ménage. Soyons clairs, ce bateau c’est une initiative intéressante mais insuffisante : il serait capable de traiter 5 à 10.000 tonnes par an.
L’objectif final serait d’avoir 100 bateaux répartis un peu partout qui pourraient intervenir aux estuaires des fleuves les plus pollués, dont proviennent 95% des plastiques. Au-delà de ça, ce sera aussi un outil pédagogique, qui pourra embarquer du public et aussi des missions scientifiques. L’association Sea Cleaners, qui chapeaute le projet, appuyée par des mécènes et des donateurs doit mettre à l’eau un premier prototype d’ici 2024.
Une autre initiative pour lutter contre la pollution marine: des packs de bière comestibles… qui peuvent nourrir les animaux marins
Aux Etats-Unis, les packs de bière ne sont pas vendus en carton comme chez nous, les bouteilles sont maintenues par des anneaux de plastique qui non seulement polluent les océans mais sont des pièges mortels pour les animaux qui se prennent dedans.
L’idée qu’a eu ce brasseur basé en Floride, qui s’appelle "Saltwater brewery": créer des packs de bière comestibles pour les tortues et les poissons. Fabriqués à partir de résidus d’orge ou de blé –qui servent à fabriquer la bière mais sont jetés, dans le cas où ils sont jetés, ils ne polluent pas les océans. Et les tortues et les poissons, au lieu de se tuer avec, peuvent s’en nourrir.