France TV, une "planque pour gens de gauche"? Ce que contient vraiment le rapport de la Cour des comptes

La situation financière de France Télévisions est "critique". France TV est dans "une situation financière critique qui impose sans délai des réformes structurelles jusqu'ici ajournées", alerte la Cour des comptes dans un rapport publié ce mardi.
Avec 2,5 milliards d'euros de dotation publique et 9000 salariés pour 5 chaînes nationales disponibles en TNT et des chaînes régionales, les comptes sont dans le rouge.
La Cour des comptes pointe les avantages des cadres, notamment les 53 voitures de fonction des cadres du groupe, essentiellement basés à Paris, "des frais de mission élevés" et "certains niveaux de salaires" pour des personnes cumulant d'autres emplois.
Et "malgré une baisse des effectifs, la masse salariale n'a pas diminuée", assure la Cour des comptes. Le salaire moyen par tête était de 71.490 euros en 2023, un niveau élevé "par rapport à celui d’autres secteurs comparables: culture (48.900 €) et audiovisuel (66.700 €)", note les Sages de la rue Cambon.
Les frais de taxis, qui s'élèvent à 3,8 millions d'euros en 2024, en hausse de 800.000 euros par rapport à 2023 (année des JO oblige), doivent faire l'objet de contrôles renforcés pour combler des lacunes "qui peuvent facilement être corrigées", notamment concernant les taxis pour le personnel lors de trajets domicile-travail, entre 22h et 6h30.
"Bastion de gauche"
Un rapport qui a immédiatement électrisé à l'extrême-droite et la droite: "Il faut d’urgence mettre fin à ce gaspillage massif et privatiser l’audiovisuel public : il y a là 4 milliards d’euros d’économies à réaliser pour l’Etat", estime le président du RN Jordan Bardella sur X. "Masse salariale démente, polyvalence interdite", s'étrangle Aurélien Véron, élu de Paris et proche de Rachida Dati.
Sur le plateau des Grandes Gueules, on fustige ce qui ressemble à de la gabegie: "Il y a une planque pour des gens de gauches trop payés qui produisent un service public particulièrement nul, il faut dissoudre", assure Antoine Diers. "C'est souvent comme ça dans les bastions de la gauche, dans le vintage de la gauche caviar", abonde l'avocat Charles Consigny.
"Un audiovisuel public ne doit pas signifier trop de chaînes TV, d'argent et d'abus", poursuit-il. "Les frais de réception se sont élevés à 46 millions d’euros en 2024, soit 126.000 par jour. A moins de manger du foie gras tous les jours et pour beaucoup de monde ça me parait élevé", assure Charles Consigny sur RMC et RMC Story.
En fait, ce sont les "frais de déplacements, de mission et de réception" qui s'élèvent au total à 46 millions. Dans le détail, les "frais de réception et achats alimentaires (dont boissons)" s'élèvent à 3.201.756 euros, soit 15 fois moins.

Des efforts déjà entrepris?
Les audiences sont plutôt bonnes et des efforts de gestion ont permis "une réduction cumulée des charges d'exploitation" de 386 millions d'euros (constants) entre 2015 et 2024". Mais l'adoption d'un budget 2025 en déficit de 40 millions d'euros "confirme l'impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui la première entreprise de l'audiovisuel public", malgré des réformes depuis une décennie prévient la Cour des comptes.
Pierre Moscovici le président de la Cour des comptes, rappelle que des "opération exceptionnelles" ont eu raison des résultats nets en déficit entre 2017 et 2024: parmi eux, un plan de réduction d'effectifs entre 2019 et 2022, et la dissolution de Salto qui a entraîné 58 millions d'euros de pertes, rappelle Le Monde.
La Cour des comptes préconise une renégociation du grand accord social s'appliquant à l'entreprise "dans les meilleurs délais" afin de favoriser notamment la polyvalence - ce qui est prévu. Enfin, la Cour des comptes suggère d'accroître les synergies entre France 3 et le réseau Ici des ex-radios France Bleu.