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Thomas Legrand suspendu par France Inter pour des propos sur Rachida Dati devant des cadres du PS

Le journaliste Thomas Legrand

Le journaliste Thomas Legrand - AFP

France Inter a annoncé vendredi soir avoir suspendu d'antenne son chroniqueur Thomas Legrand, après la diffusion d'une vidéo le montrant tenir des propos litigieux visant la ministre de la Culture, Rachida Dati, devant des responsables du Parti socialiste.

"Complot", "infiltration", "mafia": de Jean-Luc Mélenchon à l'extrême droite, plusieurs personnalités politiques ont vivement réagi après la diffusion d'une vidéo d'une conversation entre deux cadres du PS et deux journalistes, dont l'un tenant des propos litigieux sur la campagne de Rachida Dati à la mairie de Paris.

Au cours de cet échange, capté à l'insu des participants et révélé vendredi par le mensuel L'Incorrect, proche de l'extrême droite, le journaliste de France Inter et de Libération, Thomas Legrand, déclare notamment: "Nous, on fait ce qu'il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi", c'est-à-dire contre elle dans sa course à la mairie de Paris à laquelle elle est candidate pour Les Républicains (LR).

Thomas Legrand affirme "combattre [ses] mensonges"

Egalement chroniqueur sur France Inter, ainsi que pour France Télévisions, Patrick Cohen est à la table de M. Legrand aux côtés du secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, et du président du conseil national du PS, Luc Broussy. Il fait auprès d'eux l'analyse de la situation politique lors de cette rencontre informelle, en principe hors micro et caméra.

Thomas Legrand a cependant récusé auprès de l'AFP l'intention qui lui est prêtée. "Mon travail est de combattre les mensonges de Rachida Dati et son attitude face à la presse. Je ne la combats pas politiquement", a-t-il affirmé.

Rachida Dati dénonce des "propos graves et contraires à la déontologie"

La radio publique France Inter a aussitôt "décidé de suspendre (Thomas Legrand, NDLR) de l'antenne à titre conservatoire", après que Rachida Dati a dénoncé "des propos graves et contraires à la déontologie".

"Voir des journalistes du service public assumer de vouloir 'faire ce qu’il faut' contre Rachida Dati pour faire gagner la gauche à Paris dans une collusion totale avec le PS est révoltant", s'est indigné LR sur X.

Les principaux opposants au gouvernement ont également accablé les protagonistes, dont la discussion portait plus largement sur la situation politique, en particulier de la gauche. "Vidéo consternante" dans laquelle "deux journalistes essentiels de l'officialité PS complotent pour valoriser un axe +de Ruffin à Canfin+ et Glucksmann", a écrit Jean-Luc Mélenchon.

"Pas des journalistes mais des militants"

Dans la foulée, la députée LFI Danièle Obono a pointé "un parti pris politique en contradiction avec la supposée 'neutralité'" des deux journalistes, son collègue Thomas Portes estimant même qu'il "peuvent enfin assumer officiellement leur rôle de porte-parole du Parti socialiste".

"Pas des journalistes mais des militants", a tranché le vice-président du RN Sébastien Chenu, tandis que son homologue Louis Aliot y voit la preuve de "l'infiltration de l’appareil d’Etat par l'extrême gauche et ses collabos de socialistes à des fins purement partisanes".

Proche des fondateurs de L'Incorect, Marion Maréchal avait la veille fustigé "l'existence d'une véritable mafia politique entre FranceTV et le Parti socialiste". Pas en reste, son ancien allié Eric Zemmour a qualifié l'audiovisuel public d'"outil de propagande au service de la gauche", demandant qu'il soit privatisé.

Sollicités par l'AFP, le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, et le président du conseil national du parti, Luc Broussy, présents au dîner avec Thomas Legrand et Patrick Cohen, n'ont pas souhaité réagir.

LM avec AFP