Saison 5 de House of Cards: "Notre vie politique nationale n'a rien à envier à cette série"

Ce mardi Netflix a mis en ligne la cinquième saison de House of Cards, la fameuse série politique qui montre les coulisses du pouvoir et l'accession du couple Underwood à la Maison Blanche. Grand fan, Ronan Loas, maire de Ploemeur et vice-président du Morbihan, dresse quelques parallèles entre cette série et la vie politique française de ces derniers mois.

Ronan Loas, 35 ans, maire (LR) de Ploemeur et vice-président du conseil départemental du Morbihan et également fan de House of Cards.

"En tant que politique, mais pas seulement, j'ai tout de suite accroché à la série. Il y a un côté rythmé très plaisant et les nombreux apartés cyniques du personnage principal, Frank Underwood, installent une ambiance globale particulièrement palpitante. On va de rebondissements en rebondissements. C'est une série mais en réalité la qualité et le rendu font que cela se rapproche beaucoup du cinéma. On a vraiment l'impression d'avoir un film qui se déplie au fil des saisons. Et puis Kevin Spacey et Robin Wright sont tout sauf des acteurs de sitcom. De même, le scénario, la mise en scène, l'ambiance, la bande originale sont très réussis, très esthétiques.

"Cette série est assez réaliste notamment dans les jeux d'alliance"

Pour moi, cette série est davantage tournée sur le pouvoir et la relation au pouvoir que sur la politique. Il y a un côté très froid sur comment gagner le pouvoir et le garder. Et tout cela avec un cynisme énorme. Même si la politique américaine est différente de la politique française, je pense que cette série est assez réaliste notamment dans les jeux d'alliance, dans les difficultés politiques. Après les législatives, quand on fera un flash-back sur l'année politique que l'on a vécue, on va se rendre compte que notre vie politique nationale n'a rien à envier à House of Cards.

En effet, qui en novembre aurait parié sur l'élection de Macron? Qui aurait parié sur la mort de tous ces grands politiques lors des primaires ou lors des élections? L'année politique écoulée est un véritable cimetière des éléphants. Entre les divers rebondissements, on peut aussi tisser un parallèle sur l'importance des médias en politique. Dans les deux premières saisons de la série, on voit bien l'importance de la presse écrite sur l'élection, sur les manipulations d'opinion. La dernière saison se termine d'ailleurs sur un scandale avec les accusations de corruption du couple Underwood. Entre la réalité et la série, je pense donc qu'il y a quelques liens à faire.

"Comme le montre la série, en politique, il n'y a pas de sentiment"

Je suis élu depuis 2014 en venant du privé, auparavant j'étais directeur financier, je découvre donc ce qu'est la politique. C'est un univers dans lequel on prend des coups. Et je trouve que la série montre bien cet aspect-là aussi. Le fait de devenir élu, c'est devenir public et avoir, parfois, des attaques en-dessous de la ceinture. La politique, ce n'est pas que des coupes de champagne et des rubans. Et j'imagine que plus l'enjeu est fort, plus les coups sont bas. La preuve, on a vécu une année politique assez violente, assez sanglante.

Comme le montre la série, en politique, il n'y a pas de sentiment et l'ennemi n'est pas toujours dans le parti en face mais est souvent en interne. On le voit bien en ce moment avec les divisions qui apparaissent au Parti socialiste ou chez Les Républicains. Par exemple, Manuel Valls a été victime de coups bas et de positions tactiques et, dans la série, on voit bien ce côté très calculateur, très froid de Frank Underwood.

"Il y a quelques similitudes entre Underwood et Sarkozy"

Trump ne ressemble pas à Underwood, parce que je ne lui prête pas assez d'intelligence. Underwood a peut-être un côté qui pourrait ressembler à Poutine même si, en Russie, le schéma politique n'est pas le même, n'est pas soumis aux procédures d'impeachment et de lobbying. Je trouve qu'il y a aussi quelques similitudes entre Underwood et Sarkozy, notamment dans cette capacité de prendre le pouvoir en interne.

Enfin, on peut faire un dernier rapprochement avec la place de la Première dame. Au fur et à mesure, Claire Underwood devient de plus en plus politique. Ce qui n'est pas sans rappeler quelques femmes de présidents français comme Danielle Mitterrand ou Bernadette Chirac. Toutes les deux avaient un poids politique, équilibraient leur mari. On peut aussi faire un parallèle avec Cécilia Sarkozy au niveau de la lutte de pouvoir au sein du couple, du couple qui se déchire. Bref, autant de raisons regarder quelques épisodes dès ce soir."

Propos recueillis par Maxime Ricard