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"C’est Walking Dead, cette cité": des centaines de squatteurs dans un immeuble à Marseille

A Marseille, la copropriété Le Gyptis est squattée par des centaines de personnes. Sur RMC, un propriétaire d’appartements et un syndicaliste policier dénoncent la situation et l’abandon de l’Etat.

"C’est un enfer". Pour Tanguy, propriétaire d'appartements squattés dans la résidence Le Gyptis, dans le 3e arrondissement de Marseille, "c’est très dur à vivre sur le plan financier, personnel, émotionnel". "Quand ils libèrent un squat, ils partent d’un appartement pour aller dans un autre, explique-t-il au micro de RMC. Les cages d’escaliers sont défoncées, détruites. On jette tout par la fenêtre, la cour est dégueulasse. Tout est jeté, cassé, volé. Ils ont cassé des fenêtres, la porte, ils ont arraché des fils. Tout est détruit et ils vivent dedans." Alors que ses studios sont occupés, Tanguy continue d’assumer les frais. Je ne peux rien faire aujourd’hui. Je suis en colère contre l’Etat qui dit que nous sommes responsables de tout ce qu’il se passe. C’est très dur à entendre. J’ai encore un crédit, des impôts. Je paye 700 euros de taxe foncière par appartement. Je leur paye l’eau, 328 euros. L’aide que je demande, on ne me l’apporte pas."

Cette situation, les policiers de Marseille la connaissent "très bien". "Il y a deux à trois opérations par semaine qui sont menées à l’intérieur de cette cité, avec des interpellations de trafiquants de stups, assure Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance pour la zone Sud, dans ‘Apolline Matin’ ce vendredi sur RMC et RMC Story. La police est présente très régulièrement. Et une nouvelle fois, je suis désolé de le dire, mais il n’y a plus qu’une seule institution de l’Etat qui est présente, c’est la police. Je veux bien qu’on essaye de résoudre des problèmes mais la police seule n’y arrivera pas." "Cette cité, il faut vraiment y aller pour comprendre, ajoute ce syndicaliste policier. C’est Walking Dead, cette cité. C’est vraiment un truc incroyable. Quand les policiers de toute la France arrivent en renfort et viennent dans cette cité, ils nous disent qu’ils n’ont jamais vu un truc pareil. Nous, la police, on comprend ces propriétaires."

"Ce sont en règle générale des clandestins"

Mais qui sont ces squatteurs et pourquoi ne sont-ils pas définitivement expulsés? "Ce sont en règle générale des clandestins qui viennent ici et sont souvent mis en place par les trafiquants de stups pour tenir les points qui y sont et qui sont cassés régulièrement par la police nationale, explique Rudy Manna. Ce n’est pas un énorme point de stups, sur Marseille. Il rapporte entre 4.000 et 5.000 euros par jour. C’est tout petit par rapport aux autres points de stups marseillais. Du coup, il y a beaucoup d’autres personnes, d’autres clandestins, qui se permettent de squatter ces appartements, de récupérer l’eau, d’essayer de vivre dans ces conditions qui sont absolument apocalyptiques. Cet immeuble est devenu catastrophique."

Selon ce porte-parole du syndicat Alliance, l’impossibilité d’expulser du territoire ces squatteurs est l’un des principaux problèmes. "On ne fait pas les lois, on est là pour les appliquer. Quand la police interpelle, ce sont des gens clandestins, sans-papiers, qui sont condamnés, ou pas, parce qu’on ne saisit pas non plus des énormes quantités de stupéfiants sur eux. Quand ils ont une peine de prison, ils vont la faire, ou pas. Ensuite, ils sont sans-papiers, donc on devrait les renvoyer dans leurs pays mais vous savez les difficultés qu’on a aujourd’hui en France pour renvoyer des clandestins sans-papiers dans leurs pays. Si à chaque fois qu’on interpellait un sans-papier qui n’a pas le droit d’être en France, on pouvait le renvoyer dans son pays, ça faciliterait déjà les choses. Ensuite, on a une loi aussi pour les squatteurs qui est extrêmement difficile et pas toujours favorable pour les propriétaires. Même si depuis deux ans, elle a évolué dans ce sens-là." Pour Tanguy et les autres copropriétaires du Gyptis, l’impasse semble interminable.

LP