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"Ça n'a pas de sens": des éducateurs étrillent les propositions de Gabriel Attal contre la délinquance

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Alors que le Premier ministre Gabriel Attal veut permettre les placements ponctuels de mineurs récidivistes en foyer, des éducateurs spécialisés estiment que l'idée est irréalisable, les places dans les structures existantes étant déjà rares.

Contre la délinquance et la violence des mineurs, Gabriel Attal veut faciliter les placements en foyer sur de courtes périodes, d’une durée de 7 à 14 jours. Seraient concernés les mineurs ayant commis des délits répétés et assez sérieux, comme des violences physiques répétées. Le chef du gouvernement imagine un système avec trois types de foyers: les foyers de base souple, les foyers en montagne isolés avec du sport, et les centres éducatifs fermés (CEF).

Une manière d'éviter la case prison et de mieux prendre en charge les mineurs délinquants avec un encadrement par une "figure d'autorité" et un suivi psychologique.

Foyers pour les mineurs délinquants : la solution ? - 24/05
Foyers pour les mineurs délinquants : la solution ? - 24/05
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De trop courtes périodes?

Mais déjà, certains éducateurs spécialisés pointent les limites de l'initiative. C'est le cas de Malik, éducateur spécialisé en Moselle: "Les foyers, ça ne va pas amener grand-chose, surtout sur un laps de temps comme ça", explique-t-il ce vendredi sur RMC et RMC Story. Les jeunes délinquants "sont plus durs" aujourd'hui, estime Malik, appelant à comprendre les codes de la jeunesse, notamment la musique: "La musique a un rôle très important et ce qui y est véhiculé, notamment dans le rap, n'est pas bon pour eux".

"Tant qu'on ne changera pas les mentalités de ces gamins et les systèmes d'application, on n'y arrivera pas", ajoute l'éducateur.

"On n'a déjà pas de places"

Draman, éducateur pour le ministère de la Justice qui travaille avec des jeunes déjà condamnés, assure que les places en foyer manquent déjà. "On n'a déjà pas de places pour placer les jeunes six mois voire plus, alors 7 ou 14 jours, c'est impossible", explique-t-il aux Grandes Gueules. "Si un jeune doit être enlevé de sa cellule familiale et placé, c'est parce qu'il n'y a pas de cadre. On va l'enlever 14 jours et le renvoyer dans cette cellule? Ça n'a pas de sens", déplore Draman.

"Quand on place un jeune, on réfléchit à son profil, à ses problématiques et on décide de l'éloigner de sa cellule familiale. Quand on l'éloigne, c'est travaillé. Il y a des CEF pour des plus gros délits et des foyers traditionnels pour les petits délits. C'est déjà en place, en fait", ajoute l'éducateur.

Outre les placements en foyer, le Premier ministre Gabriel Attal aimerait mettre en place une sorte de comparution immédiate dès 16 ans pour les récidivistes, afin que le tribunal se prononce à la fois sur la culpabilité et la sanction tout de suite après l’infraction.

G.D.