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Charlie Hebdo: trois ans après les attentats, "la menace est toujours là"

Il y a trois ans après les attentats à Charlie Hebdo, plus d'un million de personnes défilaient dans les rues de Paris contre le terrorisme. Aujourd'hui que reste-t-il de l'esprit Charlie? Guillaume Erner, journaliste à Charlie Hebdo était l'invité des GG ce jeudi.

Le 11 janvier 2015, plus de quatre millions de personnes marchaient dans les rues des grandes villes du pays pour protester contre le terrorisme après les attentats à Charlie Hebdo et à l'Hyper Cacher. Trois ans après, que reste-t-il de cette mobilisation sans précédent où tous brandissaient le slogan "Je suis Charlie"? Les GG ont posé la question à Guillaume Erner, journaliste qui a rejoint la rédaction de Charlie Hebdo après les attentats.

"C'est toujours problématique de prendre un journal satirique et de dire que l'on est tous Charlie. Au bout d'un moment on se rend compte qu'être Charlie, cela signifie des choses très différentes pour les uns et pour les autres. Certains n'avaient jamais lu Charlie et se sont retrouvés face à une caricature, un bout de phrase avec lesquels ils n'étaient pas d'accord", a expliqué Guillaume Erner.

Le journaliste a aussi expliqué la difficulté à être confronté à une audience plus large.

"La menace est toujours là et numériquement, elle progresse car elle s'est banalisée. On a confronté Charlie à de plus en plus de gens. Et il y a un truc qui ne passe pas, c'est l'ironie et le second degré. Il faudrait vraiment faire des cours là-dessous. Quand on fait des blagues sur le petit Aylan, ce n'est pas pour considérer que cette mort est banale, mais au contraire pour dire que cette mort est tellement atroce qu'il n'y a que l'humour qui reste. C'est l'exemple typique. Que des gens puissent penser qu'à la rédaction on puisse se réjouir de cela, ce sont des gens qui ne raisonnent pas beaucoup ou qui ne savent pas ce qu'est le second degré", a-t-il aussi argumenté.

"La profession n'a pas toujours été fraternelle"

Le journaliste a aussi déploré le manque de fraternité de certains médias: "Il y a eu une manière un peu putassière de juger le canard. On a fait beaucoup de papiers en oubliant le fond. On a parlé de l'argent de Charlie alors que ce n'est pas le nerf de la guerre, ce n'est pas une activité à forte intensité capitalistique. La profession n'a pas toujours été fraternelle".

Le 7 janvier 2015 en fin de matinée, les frères Kouachi, lourdement armés, avaient ouvert le feu dans les locaux de Charlie Hedbo à Paris tuant onze personnes, dont huit membres de la rédaction.

P.B.