Courtes peines: faut-il créer des prisons spécifiques?

Aussitôt nommé, aussitôt sur le terrain. Pour Noël, Gérald Darmanin s'est rendu ce mercredi au tribunal judiciaire d'Amiens (Somme) puis au Centre pénitentiaire de Liancourt (Oise). Un premier déplacement officiel où le ministre de la Justice a prôné plus de "rapidité" et de "fermeté". Il s'est engagé à poursuivre l'objectif de construction de 15.000 places de prison, après que son prédécesseur a reconnu qu'il ne serait pas atteint au mieux avant 2029.
Gérald Darmanin a aussi avancé l'idée de créer des établissements spécifiques pour les courtes peines, "à taille humaine". Une proposition pour donner le ton, celui de la fermeté. L’ex-ministre de l’Intérieur se lance déjà dans une "surenchère de communication", tacle un député socialiste. "Quel besoin de mettre ce sujet-là sur la table de Noël?", s'interroge une autre députée de gauche. Ces deux élus préfèreraient une réflexion sur des peines alternatives plutôt que sur l'enfermement systématique. Et ils sont sceptiques sur la faisabilité d'un projet de prisons pour les courtes peines.
Un projet déjà avancé par le gouvernement précédent, ainsi que par Marine Le Pen, souffle un député RN. Selon lui, ces prisons spécifiques pourraient par exemple prendre la place de casernes inoccupées. Des établissements pénitentiaires plus faciles à construire que les prisons classiques, confirme une sénatrice centriste qui travaille sur le sujet. "L'idée est dans l'air du temps, mais c'est le premier qui dit qu'on va le faire", se réjouit-elle.
"Une prison à taille humaine, ce n’est que positif"
Selon Gérald Darmanin, les courtes peines ne sont pas suffisamment exécutées. Aujourd’hui, un tiers des peines de prison ferme est aménagé, la plupart du temps avec un bracelet électronique. C’est même 42% pour les courtes peines, de trois à six mois ferme. Des chiffres en légère hausse depuis cinq ans. C’est précisément ce que veut changer le nouveau garde des Sceaux, en veillant à ce que même les peines de moins d’un an engendrent une incarcération.
Emmanuel Baudin, secrétaire général FO pénitentiaire, salue l’idée de construire de nouveaux établissements, plus petits et exclusivement pour accueillir ces courtes peines. "Une prison à taille humaine, ce n’est que positif, tant pour les personnels que pour la prise en charge des détenus. Ça va dans le bon sens", souligne-t-elle.
De son côté, le syndicat de la magistrature pointe le risque de récidive. Quelle que soit la durée de la peine, 62% des détenus effectuant l’intégralité en prison sont de nouveau condamnés dans les cinq ans qui suivent leur sortie.