"Cambriolé plus facilement qu'une maison": le braquage du Louvre est-il une honte internationale?

Un bout de l’histoire de France s’est envolé en l’espace de sept minutes. Le cambriolage du Louvre, le musée le plus visité de la planète, suscite de nombreuses réactions depuis 24 heures. Ce vol, perpétré dans la galerie Apollon, où se trouve le diamant le plus célèbre du monde, inquiète quant à la sécurité des œuvres et à la préservation du patrimoine.
"Il y a une polémique qui est en train de naître sur la sécurité du Louvre", concède Fabrice Bousteau, rédacteur en chef de Beaux-Arts magazine, au micro de RMC. "C'est légitime, la présidente du musée elle-même avait demandé un audit (en 2021) pour renforcer la sécurité."
À la suite de ce contrôle, des recommandations ont été rendues "il y a quelques semaines, quelques mois" et "commencent à être mises en oeuvre" a affirmé la minitre de la Culture, Rachida Dati sur TF1. Pourtant, les braqueurs ont quand même réussi leur coup, grâce à une disqueuse et un monte-charge.
Des motivations encore inconnues
Ce braquage n'est pas une première pour le musée de la capitale. Le passé historique des oeuvres et leur "valeur inestimable" attirent régulièrement les convoitises. Le 15 décembre 1976, l'épée de Charles X avait été dérobée dans le même espace et n'a jamais été retrouvée.
"La Joconde avait aussi été volée en 1911. On avait mis plusieurs mois avant de la retrouver", raconte Fabrice Bousteau dans Apolline Matin. "C'est une partie de notre patrimoine. Cela a quand même une valeur financière pour les voleurs. Nous pourrons mettre un chiffre dans quelques jours, quand des experts feront des estimations de chaque pierre précieuse. À ce chiffre, il faudra ajouter la symbolique."
Dans le cas des braquages de musées, les motivations ne sont pas tout le temps pécuniaires pour les braqueurs, qui retaillent généralement les bijoux sur le marché international. "On peut imaginer un milliardaire fou qui aurait commandité l'action, ou l'action d'une mafia pour s'en servir comme monnaie d'échange, lors de négociations dans le cadre d'affaires importantes", expose celui qui est également l'auteur de The Invalides and the Army Museum.
Le cadre spectaculaire de l'effraction, digne d'une oeuvre d'Arsène Lupin, donne une autre dimension à l'affaire. "J'ai honte d'être citoyen français", s'est indigné Thierry, 54 ans, dans Apolline Matin. "Quelle image donne-t-on à l'international? Le plus beau et grand musée du monde cambriolé plus facilement qu'une maison. Que fait notre pays?"
Faudrait-il des copies pour protéger les originaux?
"Il faut des réponses. Mais des vols comme celui-ci, il y en a dans tous les grands musées du monde", rassure Fabrice Bousteau. "Il faut remarquer, l'audace et l'originalité du vol. Plus c'est gros, plus ça passe. Il n'a duré à peine sept minutes. Quels que soient les alarmes et les systèmes de sécurité, de toute façon, on ne pouvait rien faire."
Du côté du gouvernement, Emmanuel Macron a réagi sur les réseaux sociaux en promettant de retrouver "les oeuvres et les auteurs". Il a précisé que "le projet Louvre Nouvelle Renaissance (prévu pour 2031) prévoit un renforcement de la sécurité."
Quant aux solutions possibles pour prévenir ce type de larcin, Fabrice Bousteau avance une idée radicale mais efficace: "Sur certaines oeuvres, n'aurait-on pas intérêt à mettre des copies à exposer, et enfermer les originaux dans un coffre-fort?", avance-t-il avec un argument implacable: certaines copies sont si parfaites qu'elles trompent même parfois les plus grands spécialistes de l'art.