Stupéfiants au volant: "Il n'y a pas assez de contrôles, cela nourrit le sentiment d'impunité"

La mortalité sur les routes est restée quasi stable dans l'Hexagone entre 2023 et 2024, alors qu'en outre-mer, elle a augmenté de 4%, a dévoilé jeudi la Sécurité routière, rappelant que le comportement des usagers entrait en ligne de compte dans 90%. Dans l'Hexagone, 3.190 personnes au total ont perdu la vie sur les routes, soit une hausse de 0,7%, et 233.000 personnes ont été blessées (-0,8%), détaille l'Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR).
Dans le même temps, un nouveau drame routier a eu lieu avec l'accident d'un car scolaire en Eure-et-Loire, jeudi, tuant une adolescente de 15 ans. Les analyses sanguines ont confirmé le premier test salivaire: le chauffeur du car scolaire avait consommé du cannabis avant de prendre la route, jeudi à Châteaudun (Eure-et-Loir), a annoncé vendredi le parquet.
La présence de ce produit, avec un seuil supérieur à 0,5 nanogramme, ne peut correspondre à une consommation dite passive comme l'affirme le chauffeur, a précisé le procureur de la République de Chartres Frédéric Chevallier dans un communiqué.
Ce qui remet sur le devant la scène la question de la répression accrue des stupéfiants et de l'alcool au volant. "On pourrait envoyer un signal plus répressif pour améliorer une situation qui n'est pas bonne. Dans les territoires, il y a une grande difficulté à trouver des solutions pour trouver que la sécurité routière s'améliore", constate Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière.
Stupéfiants et alcool au volant souvient liés
"Ce qui manque, c'est une vraie politique nationale de sécurité routière, avec des signaux forts qui renvoient à la population, qu'enfin, la sécurité routière est de nouveau à l'ordre du jour", poursuit-il sur RMC, invité d'Estelle Midi.
Sur la consommation de stupéfiants au volant, Pierre Lagache estime que "c'est le reflet de la société, on retrouve ça évidemment dans les causes d'accidents graves", arguant qu'il faut renforcer la sensibilisation car "il y a une sous-estimation du risque lié à la consommation de drogues, notamment chez les jeunes."
Et le vice-président de la Ligue contre la violence routière de détailler: "Celle-ci est souvent liée à l'alcool. Il y a quand même des effets très importants sur le comportement au volant." En termes d'âge, les 18-34 ans sont, dans les territoires ultramarins, les plus touchés: 103 tués en 2024 contre 82 l'année passée, selon les chiffres de la Sécurité routière.
"Vous avez encore un accident mortel sur quatre qui est lié à l'alcool, un sur cinq aux stupéfiants, un peu plus d'un sur 10 au téléphone, un sur trois à la vitesse: forcément, c'est qu'il y a encore des choses à gagner", fait valoir auprès de l'AFP Florence Guillaume, déléguée interministérielle à la Sécurité routière.
Problème, les contrôles des forces de l'ordre seraient "très insuffisants", regrette Pierre Lagache. "Ils sont en-dessous du million en France, c'est très insuffisant, cela nourrit un sentiment d'impunité, et ce même si les choses ont progressé ces dernières années."
"La vitesse est un facteur, elle n'est pas toujours en cause mais elle aggrave toujours les conséquences. C'est le premier devant l'alcool", rappelle Pierre Lagache
"Dans plus de 90% d'accidents, le comportement est en cause, comme le téléphone au volant. Les règles sont là pour faire diminuer les risques. En termes de pédagogie, on n'explique pas assez l'impact bénéfique" du code de la route, perçu trop souvent comme une "contrainte".
Les chiffres définitifs de la Sécurité routière devraient être publiés fin mai.