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"Il transpire beaucoup, il est nerveux": le témoignage du chauffeur de taxi otage du terroriste de l'attentat de Strasbourg

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Le procès de l'attentat de Strasbourg s'ouvre ce jeudi matin à Paris. Le 11 décembre 2018, Chérif Chekatt avait fait 5 morts et 11 blessés en plein marché de Noël. Un témoignage sera une nouvelle fois déterminant lors de ce procès, celui du chauffeur du taxi dans lequel le terroriste s'était réfugié.

Cinq ans après les faits, le procès de l'attentat de Strasbourg s'ouvre ce jeudi matin à Paris. Chérif Chekatt, jeune homme radicalisé de 29 ans, avait attaqué, en décembre 2018, les passants dans la ville remplie de touristes venus profiter du marché de Noël, faisant 5 morts et 11 blessés.

Ce jeudi matin, quatre hommes, des complices présumés, seront sur le banc des accusés en l'absence de Chérif Chekatt, qui, lui, avait été abattu par le RAID au terme d'une traque de deux jours dans les rues de la capitale alsacienne.

C'est grâce à la déposition du chauffeur du taxi dans lequel il s'était réfugié que les policiers ont pu formellement identifier le terroriste. Mostafa Salhane sort un livre sur cette course où il a cru mourir, 15 minutes pour sauver ma vie (Plon).

Quand ce client monte dans son taxi, le chauffeur a tout de suite une impression étrange.

“Il y a quelque chose qui ne va pas. Il transpire beaucoup, il est agité, il est nerveux. Et à 200 mètres de là, il m’annonce qu’il vient de commettre un attentat sur Strasbourg et qu’il est blessé. A ce moment-là, il met son arme au niveau de mes côtes et il me dit ‘ne fais pas le malin ou je t’allume, ce soir on va aller mourir ensemble’”, raconte Mostafa Salhane au micro de RMC.

Le terroriste identifié grâce à son témoignage

Pendant 15 minutes, Cherif Chekkat, blessé, saigne sur la banquette arrière. Il dirige le chauffeur vers un commissariat de l'ouest de la ville. “Là, je comprends qu’il veut finir le travail devant le commissariat. Donc je me dis qu’il n’est pas question qu’il tue qui que ce soit”, indique-t-il.

Mais avant d'arriver, le terroriste lui ordonne de descendre de la voiture pour le soigner. “Je sors un paquet de mouchoirs et une bouteille d’eau. Il baisse son arme au niveau de sa ceinture. Moi, je recule, je monte dans la voiture et je vais au commissariat”, se souvient-il.

Le chauffeur prévient les policiers. C'est grâce à lui qu'ils vont identifier le terroriste, qui sera tué après 48 heures de traque. Cinq ans après les faits, Mostafa Salhane souffre toujours de stress post-traumatique.

“Je suis toujours en hyper vigilance, sans compter les médicaments que je prends pour dormir, pour le stress, pour l’angoisse”, détaille-t-il.

Il témoignera au procès qui s'ouvre ce jeudi, lui qui préside une association de victimes. Ce procès, il l'espère, leur permettra à tous, d'enfin pouvoir se reconstruire.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours