Incendies, pistes, enquêtes: ce que l'on sait après plusieurs attaques contre des prisons françaises

Plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés depuis le week-end par des attaques. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, se rend mardi après-midi au centre pénitentiaire de Toulon, touché par des tirs à l'arme automatique, pour soutenir les agents. Voici ce que l'on sait de ces attaques.
Plusieurs prisons attaquées frontalement
Dans la nuit de dimanche à lundi, sept véhicules ont été "détruits ou dégradés en raison d'un incendie" sur le parking de l'Enap (Ecole nationale d'administration pénitentiaire) à Agen (Lot-et-Garonne), selon le parquet local.
À Réau (Seine-et-Marne), la même nuit, le véhicule d'une surveillante a été incendié et des traces d'hydrocarbures ont été retrouvées sur trois autres véhicules, a indiqué une source policière. Puis dans la nuit de lundi à mardi, d'autres établissements ont été visés.
Trois véhicules, dont deux appartenant à des agents pénitentiaires, ont été incendiés lundi soir sur le parking de la maison d'arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), selon une source policière. Les images de vidéosurveillance ont permis de voir que les deux auteurs ont pénétré dans l'enceinte en passant par une butte de terre, incendiant chacun un véhicule, le troisième a été atteint par propagation.
Au centre pénitentiaire d'Aix-Luynes, la porte de la base du Pôle de rattachement des extractions judiciaires et de l'Equipe régionale d'intervention et de sécurité (PREJ-ERIS) a été incendiée, a déclaré une source proche du dossier.
À celui de Toulon-La Farlède (Var), plusieurs personnes venues en véhicule ont tiré à l'arme lourde sur la porte de l'établissement, vers 00h40, selon le procureur de Toulon, Samuel Finielz.
Un grand sigle rouge orangé comportant cette fois-ci les mystérieuses lettres "DDFM" a été inscrit sur la porte grise par laquelle entrent et sortent les fourgons pénitentiaires, a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans la nuit de lundi à mardi à Marseille, des véhicules ont été tagués et un incendié près de locaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), sur le parking d'une résidence de logements sociaux occupés par de nombreux agents de l'administration pénitentiaire.
Plusieurs pistes envisagées par les enquêteurs
Des enquêtes ont d'abord été ouvertes par les parquets locaux. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a ensuite annoncé, à la mi-journée, se saisir de l'enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, aux directions zonales de la police nationale concernées et à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure). Les qualifications de cette enquête seront communiquées "ultérieurement", a indiqué le Pnat.
Selon une source proche du dossier, "la nature même de l'action" traduit une "action concertée dont l'objectif est de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation", ce qui est constitutif de l'infraction terroriste et justifie la saisine du Pnat, quel que soit à ce stade le profil des suspects.
L'objectif est "manifestement d'intimider l'Etat", a ajouté cette source. L'identification du ou des groupes derrière ces actes fera l'objet des investigations. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s'est empressé d'attribuer ces attaques au "narcotrafic".
"La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels", a-t-il écrit sur X.
Toutefois, une source proche du dossier a indiqué que toutes les hypothèses étaient examinées, en soulignant la présence de slogans libertaires. Au vu des premiers éléments, la piste anarchiste semblerait se dessiner dans une vaste majorité de cas, selon cette source.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la piste anarchiste semble prendre le pas dans la vaste majorité des faits, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Les personnels pénitentiaires menacés
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a demandé un renforcement "sans délai" de "la protection des agents et des établissements" pénitentiaires".
"Ces actes criminels sont une attaque frontale contre notre institution, contre la République, et contre les agents qui la servent au quotidien", a dénoncé le syndicat FO Justice, exigeant "une réponse forte, immédiate et sans ambiguïté de l'Etat".
Au centre pénitentiaire de Valence, Louis Nicole, secrétaire local adjoint de FO Justice, a appelé à "débloquer de l'argent pour la sécurisation, pour que le site devienne hermétique".
"Ces attaques ciblées, lâches et odieuses, visent à terroriser celles et ceux qui incarnent l'autorité de l'État et assurent au quotidien la sécurité de tous, même au prix de leur propre tranquillité", a fustigé le syndicat Ufap Unsa Justice dans un communiqué, appelant à une" action réelle et déterminée, menée conjointement par les ministres de la Justice et de l'Intérieur".