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INFO RMC. Antisémitisme à Sciences-Po Paris: une enquête pénale ouverte

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Une enquête préliminaire pour “provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence” a été ouverte par le parquet de Paris après la mobilisation polémique pro-palestinienne à Sciences Po Paris, le 12 mars 2024.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personne à raison de leur origine, de leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion", a appris RMC, suite au signalement effectué par le gouvernement et la plainte déposée par l'Union des étudiants juifs de France, après une mobilisation pro-palestinienne à Sciences Po Paris, le 12 mars dernier.

Deux versions s'opposent

Une enquête pour faire la lumière sur ce qu'il s'est passé le mardi 12 mars dans l'amphithéâtre Emile Boutmy, renommé pour la journée amphithéâtre "Gaza". Ce jour-là, un groupe d'étudiants bloque le principal amphithéâtre de la rue Saint-Guillaume dans le cadre d'une "journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine". Des prises de parole ont lieu sur le sujet.

À la tribune, des "propos accusatoires sont prononcés à l'encontre" de l'Union des étudiants juifs de France, dénonce quelques heures plus tard Sciences Po sur le réseau social X (ex-Twitter). Une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France se voit refuser l'entrée de l'amphithéâtre.

Ici, deux versions s'opposent: elle, dit avoir été écartée, car considérée comme "sioniste". Les organisateurs évoquent eux une décision réfléchie, suite à des agissements antérieurs de cette élève.

"L'étudiante qui n'a pas été autorisée à rentrer ne l'a pas été car, à plusieurs reprises, elle a filmé et posté sur les réseaux sociaux, sans leur consentement, des personnes appartenant au Comité ou des militants visiblement pro-palestiniens (…) ce qui a mené à des cyberharcèlements ciblés", expliquait l'une des membres du comité Sciences Po pour la Palestine, sur franceinfo.

"Intolérable"

C'est pour déterminer précisément les circonstances de cette éviction et les propos exacts tenus dans cet amphithéâtre qu'une enquête pénale a été ouverte par le parquet de Paris le 27 mars dernier.

Dès le lendemain des faits, la direction de Sciences Po avait annoncé condamner cette action et "saisir la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables". La ministre de l'Enseignement, qui s'était rendue à Sciences Po, accompagnée du premier ministre Gabriel Attal, avait déclaré sur X:

"Nos établissements sont des lieux d'études et de débats (...). Il est intolérable et choquant d'y subir la moindre discrimination, la moindre incitation à la haine".

Quelques heures plus tôt, pendant un Conseil des ministres, Emmanuel Macron lui-même fustigeait le rejet de cette étudiante juive aux portes de l'amphithéâtre.

Depuis, des auditions d'élèves suspectés d'avoir organisé la mobilisation ont été menées lors d'une pré-enquête disciplinaire, dont on ne connaît pas encore les conclusions. L'enquête pénale a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne de la police judiciaire parisienne.

Lucile Pascanet avec CA