"L'Etat n’a pas lutté assez efficacement": condamnation historique dans l'affaire des algues vertes

L'Etat et les algues vertes sont, pour la première fois, tenus responsables de la mort d'un homme en Bretagne. La cour administrative d'appel de Nantes a condamné mardi l'Etat à indemniser les proches d'un joggeur, mort il y a 9 ans alors qu'il courait dans une vasière remplie d'algues vertes, à l'embouchure du Gouessant dans les Côtes d'Armor.
La justice considère que l'Etat a failli à sa mission dans la gestion des algues vertes, causées par l'élevage industriel. Des algues vertes toxiques, jugées directement responsables du décès de Jean-René Auffray, 50 ans à l'époque, et qui est donc mort asphyxié en 2016, en plein footing.
L'Etat condamné à verser 300.000€
Cette décision s'appuie notamment sur des rapports médicaux versés au dossier, qui démontrent que Jean-René Auffray est mort, en pleine course, d'un œdème pulmonaire fulgurant, que seuls les gaz des algues vertes autour de lui ont pu provoquer.
“Il a inhalé ce gaz toxique qui a provoqué la mort immédiate. Nous avons fait reconnaître le lien par la cour d’appel de Nantes entre le décès et les algues vertes en putréfaction et entre les algues vertes en putréfaction et l’Etat qui n’a pas lutté suffisamment efficacement contre cette prolifération”, explique Me François Lafforgue, l'avocat de la famille.
Un signal fort
Parce que dans cette condamnation, l'Etat est aussi pointé du doigt pour ses carences dans la gestion des algues vertes, et c'est un signal fort assure Arnaud Clugery, porte-parole de l'association "Eau et rivières de Bretagne".
"Aujourd’hui, on ne pourra vraiment plus se cacher derrière son petit doigt et l’Etat notamment. Ce sont eux qui devront rendre des comptes d’un préjudice écologique, mais aussi pour les familles endeuillées par ces marées vertes”, souligne-t-il.
Dans cette affaire, l'Etat est condamné à verser plus de 300.000 euros de préjudice à la famille de ce joggeur.