Harcelé, Louis Boyard dépose plainte pour menace de mort et intimidations

C'est un Louis Boyard particulièrement remonté et à fleur de peau que nous avons rencontré ce jeudi à l'Assemblée nationale. Le jeune insoumis a déposé plainte le 12 octobre dernier auprès de la sureté territoriale de Paris pour "menace de crime ou de délit contre les personnes ou les biens à l'encontre d'un élu public".
D'après la déposition du député, consultée par RMC, les parents du député ont d'abord reçu un appel d'un homme se faisant passer pour un officier de police judiciaire et demandant de transmettre des informations importantes sur leur fils.
Dans la foulée, Louis Boyard a reçu, lui aussi, un appel du même homme assurant qu'il connaissait l'adresse postale de ses parents. Il lui a intimé de ne pas raccrocher au risque de "les mettre en danger".
10 appels par minute, 624 messages non lus
Le député vient également de voir son numéro de téléphone personnel partagé au plus grand nombre sur les réseaux sociaux. Notamment sur la page Facebook de "La ligue de défense juive" ou sur la page Instagram de Marco Mouly, un chroniqueur de l'émission de Cyril Hanouna.


Louis Boyard assure avoir reçu entre vendredi 13 et lundi 16 octobre “dix appels à la minute jour et nuit”. L'élu a dû supprimer son compte WhatsApp et a été harcelé par SMS, avec 624 messages non lus.

Par ailleurs, son numéro de téléphone a aussi été piraté. Concrètement, des individus ont réussi à passer des appels avec son propre numéro.
"Des gens ont appelé mes proches, mais aussi Jean-Luc Mélenchon en se faisant passer pour moi", raconte Louis Boyard.
Depuis, il a changé de numéro.
Plusieurs députés LFI menacés
Face à ce climat de tension, exacerbé par la situation au Proche-Orient et des prises de position contestées, Louis Boyard n'est pas le seul insoumis visé par des menaces. Selon le journal Libération, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour menaces de mort visant Jean-Luc Mélenchon.
Les numéros de téléphone d'autres insoumis ou de leurs proches circulent sur internet, notamment dans un groupe privé de la messagerie cryptée russe Télégram, nommé "Brigade Juive", et comptant 110 membres.
Sur des captures d'écran consultées par RMC, le numéro de téléphone de la présidente de groupe Mathilde Panot y est divulgué, tout comme celui du compagnon d'une autre députée LFI avec un appel à rendre des comptes.
Par ailleurs, ce jeudi 19 octobre, Sébastien Delogu, député insoumis des Bouches-du-Rhône, a de son côté retrouvé sa voiture taguée: "Mort aux arabes".
"Gérald Darmanin devrait nous protéger, il nous met une cible dans le dos"
Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a demandé mercredi aux préfets d'évaluer "les risques encourus par les parlementaires" pour déterminer les mesures de sécurité à mettre en place.
"La préfecture du Val-de-Marne m'a appelé pour me demander si j'étais menacé, confirme Louis Boyard. Les renseignements territoriaux m'ont aussi contacté et m'ont conseillé d'être accompagné ou d'annuler des déplacements".
Mais dans le même temps, Louis Boyard accuse Gérald Darmanin.
"Il raconte qu'on est des relais politiques du Hamas. Il nous met une cible sur le dos. Il devrait nous protéger".
L'élu LFI réclame qu'"un membre du gouvernement prenne la parole pour dire 'non, ce n'est pas parce que ce sont des insoumis que vous pouvez les menacer".
À cette heure, Louis Boyard ne bénéficie pas de protection policière. Avec ses équipes, il a décidé de ne plus se déplacer seul et de moins prendre les transports en commun.
"Je ne veux plus être menacé. Ça va trop loin. Quelle sera la prochaine étape ? Un insoumis sera attaqué physiquement ? Est-ce que je vais réussir à terminer mon mandat de député ?".
Yaël Braun-Pivet, menacée de décapitation
Au-delà du camp insoumis, d'autres parlementaires font état de menaces ou d'insultes depuis les attaques du Hamas le 7 octobre. "En particulier après des passages dans les médias", déplore un dirigeant du Rassemblement national.
Selon les informations de RMC, les cadres du groupe Renaissance à l'Assemblée ont sondé leurs députés. Sur 50 réponses, 12 élus de la majorité se disent visés par des messages malveillants, essentiellement sur les réseaux sociaux.
La Présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a quant à elle, déposée plainte après avoir été menacée de décapitation.