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Narcotrafic: ce que prévoit le régime carcéral "exceptionnel" imaginé par Gérald Darmanin

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Un régime carcéral exceptionnel pour les détenus les plus dangereux. C'est ce que veut Gérald Darmanin. Le ministre de la Justice a réaffirmé sa volonté de couper du monde les 100 narcotrafiquants les plus dangereux dans une prison de haute sécurité. Mais aussi d'autres détenus dans plusieurs prisons françaises. Le projet de loi soumis au vote du parlement le mois prochain.

Dans sa croisade contre les narcotrafiquants, Gérald Darmanin a dévoilé jeudi son "plan pour couper du monde les 100 narcotrafiquants les plus dangereux", dans un entretien exclusif au Figaro. Le garde des Sceaux s'est inspiré des lois anti-mafia italiennes pour proposer un nouveau régime carcéral "exceptionnel" de la prison de haute sécurité où il compte les regrouper.

“Monsieur Darmanin est allé en Italie pour chercher le régime strict d’isolement pour les mafieux, mais il ne revient pas avec le délit d’association mafieuse", décrypte sur RMC ce vendredi, Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité.

"C’est le fait de condamner des gens pour le seul fait d’appartenir à une association mafieuse qui utilise la violence. Donc en France, il faudrait un délit d’association de groupe criminelle pour les condamner sévèrement, les isolés strictement, parce qu’on a prouvé que c’était des individus extrêmement dangereux et leur proposer une alternative. C’est ça le système italien”, poursuit-il.

3 questions pour comprendre : Détenus dangereux, un régime carcéral "exceptionnel" - 21/02
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Le projet sera soumis au Parlement le 17 mars prochain et pourrait être adopté par voie d'amendements dans la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic.

Le syndicat de la magistrature inquiet du projet

Le ministre souhaite limiter au maximum les sorties en généralisant la visioconférence ou en mettant en place des équipements médicaux dans les prisons pour éviter les consultations à l'extérieur. La communication serait aussi drastiquement réduite. Plus que deux à trois heures d'accès à un téléphone fixe par semaine contre 24h sur 24h actuellement. Gérald Darmanin souhaite aussi faire des fouilles systématiques après les parloirs et limiter au maximum les contacts lors des promenades.

"C'est de la maltraitance institutionnelle” dénonce le syndicat de la magistrature qui s'inquiète aussi de l'objectivité des critères pour définir les détenus qui seraient concernés par ce nouveau régime carcéral exceptionnel.

“Il est hors de question d’accepter qu’on renonce aux droits les plus élémentaires des détenus au prétexte que l’on ne parvient pas à assurer la sécurité des établissements pour des raisons de moyens et de pénurie d’effectif", dénonce Judith Allenbach, présidente du syndicat de la magistrature.

"Ce qu’on craint, c’est que le régime dérogatoire qui est proposé aujourd’hui pour ceux que Monsieur Darmanin appellent des narcotrafiquants, soit appliqué demain à une catégorie beaucoup plus large de personnes”.

Le ministre de la Justice propose de choisir les détenus selon leur dangerosité comme leur capacité à commanditer des assassinats, ou encore mener leurs trafics depuis la prison.

Cassandre Braud avec Guillaume Descours