"On commence vraiment à risquer notre vie": à Lyon, les habitants de la Guillotière n'en peuvent plus et déplorent l'inaction de la mairie
Moins de deux heures après l'intervention de 80 policiers ce mardi, les vendeurs à la sauvette réinstallent leur stands place Gabriel Péri en plein cœur de Lyon. Et c'est toujours comme ça, se désole Nicolas qui tient une pâtisserie juste à côté: "La police vient tous les jours mais dès qu'ils s'en vont, ils reviennent". Vols à l'arrachée, bagarre, trafic de drogues et de cigarettes, pour lui il est devenu impossible de se déplacer sereinement dans le quartier:
"Les gens ne sont plus en sécurité, nos enfants ne sont plus en sécurité. On a des clients qui ne viennent pas du fait de notre situation géographique parce qu'on est à côté de la place de la Guillotière et de la place du pont. On est en France et il y a des zones où l'on n'ose plus passer et ça va mal finir", avertit-il.
"Il peut y avoir une balle perdue"
C'est depuis la fin du premier confinement, les vols, les bagarres et le trafic de cigarette et de drogue se sont intensifiés dans le quartier. Pour alerter les pouvoirs publics, des habitants ont fondé il y a deux ans l'association "La Guillotière en colère". Et pour la présidente Nathalie Balmat, la situation s'aggrave de jour en jour:
"Tant que c'est des bagarres, on peut s'en éloigner. En revanche, il y a eu deux fois des coups de feu et il peut y avoir une balle perdue. On commence vraiment à risquer notre vie".
"Une ambiance qu'on ne souhaite vraiment à personne"
Face à leur détresse, la mairie propose de revoir l'aménagement du quartier:
"On nous propose une piétonisation et l'installation de banc, franchement ce n'est pas au niveau. Je veux simplement qu'on puisse traverser une place sans se faire piquer son portable, sans avoir peur parce que quelqu'un a sa main dans ma poche ou sur mes fesses. C'est une ambiance qu'on ne souhaite vraiment à personne", déplore Nathalie Balmat.
De son côté, Pascal Mailhos, le préfet du département, assure faire le maximum: "J'affecte une part significative des moyens qui me sont alloués à la place de la Guillotière et le ministre de l'Intérieur vient, à ma demande, de m'accorder 30 CRS pour les semaines à venir", se félicite-t-il au micro de BFMTV. Depuis plus d'un an, 4000 personnes ont été interpellées par la police dans le quartier de la Guillotière et 75 ont été écrouées.
"Prostitution, trafic de drogue, assassinat, il y avait déjà tout ça avant"
Mais le problème ne date pas d'hier: "J'y ai passé toute mon enfance, j'y suis arrivé à 3 ans et j'en suis reparti à 25. Aujourd'hui j'en ai 55 et déjà à l'époque c'était un quartier où il y avait des problèmes et connu où on allait se fournir en cannabis", raconte Stanislas, un auditeur de RMC.
Ce que confirme Yann directeur du McDonald's de La Guillotière de 2011 à 2014: "Prostitution, trafic de drogue, assassinat, il y avait déjà tout ça avant", assure-t-il ce mercredi matin sur RMC. Et déjà à l'époque, les descentes de police font fuir les indésirables, mais uniquement ponctuellement. Aujourd'hui, le McDonald's de la place a pris une décision radicale. À partir de 15 heures, seule la vente à emporter est disponible dans l'établissement.
Pire encore, Yann raconte qu'à l'époque, les clients des prostitués payaient à manger aux enfants des travailleuses du sexe, histoire de les tenir occupés pendant les passes, s'effectuant souvent tout simplement dans le hall de l'immeuble d'à côté.
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