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Pas de peine requise au procès Barbarin: "Ce serait scandaleux qu'il n'y ait aucune condamnation"

La procureure adjointe Charlotte Trabut n'a requis aucune condamnation, mercredi, au procès du cardinal Philippe Barbarin et de cinq anciens membres du diocèse de Lyon, jugées pour ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles d'un prêtre.

La procureure adjointe n'a pas requis de condamnation contre le cardinal Philippe Barbarin et de cinq anciens membres du diocèse de Lyon, jugées pour ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles d'un prêtre. Une absence de peine requise qui n'est pas une surprise.

Aucune question durant 3 jours d'audience, donnant l'impression d'être détachée du dossier. Pour la procureure adjointe de la République, Charlotte Trabut, il ne pouvait pas y avoir une autre réquisition possible que cette absence de peine.

Elle a en fait suivi le non-lieu qu'avait ordonné le parquet en 2016, et elle a donné les mêmes explications: en clair, le cardinal Barbarin et les autres prévenus n'avaient pas à prévenir la justice pour des faits prescrits ou qui n'étaient pas suffisamment détaillés. Les victimes du père Preynat attendaient beaucoup de ce procès. Certaines sont déçues, car le silence de l'Eglise a perduré à la barre du tribunal.

"Je n'ai pas vu de compassion"

Pierre-Emmanuel Germain-Thill, l'une des victimes du père Preynat, est de ceux-là:

"Quand on voit tous les éléments qui ont été détaillés depuis deux jours, ça serait scandaleux qu'il n'y ait aucune condamnation. Moi j'ai pris trois jours pour venir, ça va faire mal à la fin du mois, et quand je vois qu'il y a des gens qui se pointent ici et qui refusent de répondre aux questions, c'est un irrespect total pour les victimes. Après on dit qu'on pense à eux, qu'on veut pardonner, moi j'ai vu surtout beaucoup de gens qui étaient en train de prier pendant que nos avocats faisaient les plaidoiries ou quand on témoignait. Je n'ai pas vu de compassion, donc je suis déçu de ce qui vient de se dire".

D'autres estiment que ce procès est déjà une victoire face à l'omerta, aux délais de prescription, à la non-dénonciation des crimes sexuels. Pour plusieurs d'entre eux, dont les faits ne sont pas prescrits, il y aura d'ailleurs une autre bataille judiciaire, un autre procès: ce sera cette fois-ci face à Bernard Preynat.

Gwenaël Windrestin avec Paulina Benavente