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Le cardinal Barbarin face aux victimes de pédophilie: "Pour l'Eglise, combien coûte une vie bousillée?"

Accusé d'inaction face à leurs souffrances, crûment exposées à la barre, le cardinal Barbarin a fait face pour la première fois mardi, devant le tribunal correctionnel de Lyon, aux victimes d'un prêtre pédophile de son diocèse.

Place aux plaidoiries et aux réquisitions ce mercredi dans le procès Barbarin à Lyon. Mardi après-midi, le cardinal et les 5 autres personnes citées pour non-dénonciation d'actes pédophiles d'un prêtre dans les années 1986 à 1991 ont écouté les victimes.

Elles ont notamment raconté les agressions subies pendant les années de scouts infligées par le père Preynat. A la barre du tribunal, toutes les victimes ont employé le mot "souffrance" pour qualifier les silences de l'Eglise.

D'abord Alexandre Hezez, un trentenaire par qui le scandale arrive en 2014 après une rencontre avec le cardinal Barbarin et qui explique que même s'il n'a pas de certificat médical, il a eu du mal à s'en sortir. Laurent Duverger, lui, a coupé les ponts avec sa famille à cause de cette histoire, alors aujourd'hui il tient sa promesse pour que "la honte change de camp".

"Si les faits avaient été dénoncés plus tôt, ma vie aurait été autre"

Et puis Christian Burdet, qui, après une description très crue des abus sexuels subis dans les années 70, pose des mots sur les reproches faits au cardinal Barbarin et aux cinq autres prévenus:

"Si les faits avaient été dénoncés plus tôt, ma vie aurait été autre. Ma femme ne l'a appris qu'en janvier 2016. Peut-être qu'elle n'aurait jamais eu à se poser certaines questions sur moi. Si je parle, ce n'est pas que pour moi, c'est pour les autres". Christian qui se pose une question qui restera sans réponse: "Pour l'Eglise, combien coûte une vie bousillée?"

Pour Laurent Duverger, il y aura un avant et un après procès Barbarin: "Pour moi c'est une page qui va se tourner, c'est un aboutissement. Rencontrer de nouveau ces gens après tant d'années et les voir parfois se prendre les pieds dans le tapis, pour moi, ça changera énormément les choses. Après on a fait un travail assez exceptionnel depuis 3 ans en faisant changer les mentalités et en permettant à des centaines de victimes de pouvoir révéler les violences qu'elles avaient vécues. Nous avons porté cela sur la place publique pour dire ce qui nous est arrivé, ce qui se passe encore".

Gwenaël Windrestin avec Paulina Benavente