Procès Charlie Hebdo: "Pour juger, il faut libérer la parole contre l'idéologie islamiste" selon Zineb El Rhazoui
Des mots très forts et une colère froide. L'ancienne journaliste de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, était l'invitée d'Apolline de Malherbe sur RMC.
Alors que la cour d'assises spéciale de Paris doit entendre à partir de mardi les premiers témoignages des rescapés de l'attaque djihadiste de Charlie Hebdo, celle qui est aujourd'hui l'une des femmes les plus menacées de France, placée sous protection policière depuis le 8 janvier 2015, a confié attendre de ce procès des actes forts:
"Je dois être à ce procès. La question de ne pas y être ne se pose pas. Je dois y être par justice envers les morts car c'est le moment où l'on va voir, en face, ceux qui ont contribué à leur triste sort. C'est un moment important pour nous aussi, pour qu'ils nous voient, pour qu'ils réalisent que nous sommes des êtres humains, que nous ne méritons pas la mort, que nous méritons la justice".
Interrogée sur ces attentes autour de ce procès hors norme, la journaliste poursuit et accuse:
"C'est un moment de justice, je l'espère. Mais ce sera aussi le moment de parler de cette grande absente: l'idéologie islamiste, qui a tué mes collègues, mais aussi les victimes de l'Hyper Cacher et les policiers. J'espère que ce sera aussi son procès. Un crime terroriste, c'est à dire un crime politique et idéologique, n'est pas un vulgaire crime de droit commun. (...) Nous avons face à nous un tueur en série: le terrorisme islamique. Il a tué à Charlie Hebdo, à l'Hyper Cacher, à Nice, au Bataclan. Il est nécessaire maintenant de joindre les dossiers, de se pencher sur le mobile de tous ces crimes. Cette idéologie, pour la juger, il faudra libérer la parole, sans cette chape de plomb, cette chape de silence qu'on veut imposer depuis cinq ans maintenant. A chaque fois que l'on veut parler et dénoncer cette idéologie, il nous est fait un procès en sorcellerie ou en racisme" plaide-t-elle face à Apolline de Malherbe.
"Depuis quand faire des caricatures est un manque de respect?"
Zineb El Rhazoui a également alerté sur les voix qui se sont élevées contre la republication des caricatures de Mahommet dans Charlie Hebdo, dans un numéro spécial titré "Tout ça pour ça". "Depuis quand faire des caricatures est un manque de respect?" lance-t-elle avant de dénoncer les "#JeNeSuisPasCharlie": "Ils condamnent les attentats, mais en somme veulent la même chose que les frères Kouachi".
Le numéro de Charlie Hebdo paru mercredi, dans lequel ont été republiées les caricatures de Mahomet, qui en avaient fait une cible du terrorisme islamiste en 2015, s'est écoulé à 200.000 exemplaires dès le premier jour et 200.000autres exemplaires ont été mis en vente samedi.