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Procès de l’attentat de Nice : "notre famille s’est disloquée" après la mort de Laura

Croquis du procès de l'attentat de Nice

Croquis du procès de l'attentat de Nice - Marion Dubreuil / RMC

Laura Borla avait 13 ans quand elle a été fauchée par le camion sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016. Six ans après, ses proches ont témoigné au procès de l’attentat de Nice d’un deuil impossible et de la difficulté de continuer à faire famille.

Il a été question de "traumatisme familial" selon la formule de Me Rajon ce mercredi 21 septembre devant la Cour d’assises spéciale au procès de l’attentat du 14-juillet 2016. Notamment quand la famille Borla est venu témoigner à la barre. La première à s’avancer est Marie-Claude Borla, la mère. Très émue, elle remercie les victimes qui suivent les débats à Nice à l’Acropolis qui l’ont convaincue de témoigner.

Elle raconte son 14 juillet: le feu d’artifice sur la plage, une sortie en famille et puis cette scène sur la promenade avec sa fille Laura : "elle m’embrasse un bisou dans le cou et je lui ai dit que je l’aimais aussi" la suite est allée très vite elle entend des cris "camion" elle pousse sa fille sur le côté et la perd de vue. À ce moment-là, le cauchemar commence:

"Je criais 'Laura, Laura', c’était un cimetière à ciel ouvert. Pour la chercher, j’ai du regarder les corps".

"Je suis un papa démoli"

Son mari, Jacques, témoigne après elle. Les larmes aux yeux. Inconsolable. Il raconte à son tour l’angoisse: trois jours sans savoir ce qui était arrivé à Laura, portée disparue. Trois jours à la chercher partout. Puis le dimanche 17 juillet 2016, un commissaire de police lui apprend qu’elle est morte. Il lit une lettre qu’il a écrit à la cour: "je suis un papa démoli".

Enfin, vient à la barre Lucie Borla. Elle n’avait que 19 ans quand Laura sa petite sœur de 13 ans a disparu sur la Promenade après le passage du camion. C’était le premier 14-Juillet qu’elle ne passait pas en famille. Le lendemain, elle a retrouvé ses parents transformés par l’angoisse. Sa mère l’a saisie à la gorge en disant "rends-moi ma fille": quelques heures plus tard, elle était hospitalisée en psychiatrie. Lucie a du s’occuper de son petit frère Nicolas et de son autre petite sœur, Audrey, qui cherchait désespérément sa jumelle. Elle a appris la mort de Laura à l’hôpital, sans ses parents:

"On m’a annoncé 'une bonne et une mauvaise nouvelle'. La bonne c’est qu’on avait retrouvé Laura, la mauvaise elle était décédée. Une annonce brutale", explique Lucie à la cour.

"C’est moi personnellement que j’ai du mal à guérir"

"Je n’ai pas eu le temps de me dire que c’était pas possible. C’est moi qui devais dire à mes parents que c’était terminé": les rôles s’étaient inversés. Elle voyait sa petite sœur se scarifier et le cachait à ses parents. Son père "disait qu’il aurait préféré que ce soit lui sous le camion plutôt que Laura". Et Lucie raconte à la barre sa famille qui s’est "déchirée, disloquée". A tel point que Nicolas qui témoigne après elle explique qu’il a déménagé à Orléans. Audrey, elle, viendra témoigner un autre jour le 27 septembre.

Lucie Borla, elle, s’est oubliée. Elle est devenue auxiliaire puériculture en réanimation pédiatrique pour "aider les enfants malades":

"Ça me fait du bien d’aider les gens. Quand je rentre à la maison c’est moi personnellement que j’ai du mal à guérir."

Le procès a tout ravivé. Elle a repris un suivi psychologique. Elle ne manque pas un jour d’audience elle a besoin de "reconstruire le puzzle" même si confie-t’elle "ça n’enlèvera pas le manque de ma sœur ni l’injustice".

Marion Dubreuil