Procès Le Scouarnec: "La petite fille de 9 ans encore en moi est en colère", témoigne une victime

3e semaine d'audience au procès du pédocriminel Joël Le Scouarnec. L'ex-chirurgien, âgé de 74 ans, est jugé par la cour criminelle du Morbihan, à Vannes, pour des viols et agressions sexuelles sur près de 300 patients, souvent mineurs au moment des faits. Il encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion et le verdict est attendu au 6 juin.
Depuis la semaine dernière, les victimes s'enchaînent à la barre. Crystel a témoigné à distance mardi 12 mars. Lors de l'été 1994, cette Suissesse alors âgée de 9 ans et en vacances en Bretagne avec sa famille, est hospitalisée pour une appendicite dans une aile isolée de la clinique du Sacré-Cœur, à Vannes.
Confrontation entre la mère de la victime et Joël Le Scouarnec
Après le diner, ses parents quittent la chambre. Elle regarde la télévision lorsqu’elle entend la porte s’ouvrir. Joël Le Scouarnec entre et la pénètre digitalement. "Le docteur m’a fait mal", dit dès le lendemain Crystel à sa mère, qui confronte immédiatement l’ex-chirurgien. Elle lui demande pourquoi elle était seule dans sa chambre, pourquoi il faisait des examens et signale que ce n’est pas normal.
Cette fois-ci, Joël Le Scouarnec se souvient. "J’étais inquiet, on allait découvrir ce que j’avais fait", dit-il à la barre. La mère menace de dormir avec sa fille mais le chirurgien parvient à la “manipuler” et la convainc qu’il n’y a pas de danger, pour mieux retourner dans la chambre les soirs suivants.
Cette confrontation, Crystel ne l'a appris qu’en 2019, de la bouche de sa mère. "Elle m’a dit qu’elle avait fait du mieux qu’elle pouvait" relate-elle. ”Mais la petite fille de 9 ans encore en moi, elle est en colère, car elle n’a pas été protégée", regrette la victime.
"Si j'avais vu qu'un enfant était seul dans a chambre, j'y retournais", a reconnu la semaine dernière Joël Le Scouarnec
L'ex-chirurgien a détaillé dans ses carnets les viols et agressions sexuelles commis sur ses victimes, qui étaient mineures dans leur grande majorité à l'époque des faits, de 1989 à 2014.
"J'ai été ce chirurgien qui a profité de son statut pour abuser d'enfants", a-t-il concédé la semaine dernière. Et pour arriver à ses fins, l'ex-chirurgien a avoué "provoquer des opportunités" à l'hôpital. "Je faisais la visite avec une infirmière et quand elle avait regagné son poste, si j'avais vu qu'un enfant était seul dans sa chambre, j'y retournais", a-t-il affirmé.