"Je provoquais les opportunités" avec les enfants dans leur chambre d'hôpital, avoue Joël Le Scouarnec

L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec a avoué mardi "provoquer les opportunités" pour perpétrer des violences sexuelles sur ses patients, souvent mineurs, décrivant à la cour criminelle du Morbihan le mode opératoire de ce qu'il affirme avoir été "des gestes furtifs".
"Je faisais la visite avec une infirmière et quand elle avait regagné son poste, si j'avais vu qu'un enfant était seul dans sa chambre, j'y retournais", a-t-il affirmé. Il a ensuite indiqué avoir sédaté "une seule fois" une victime, qui ne fait pas partie des 299 victimes pour lesquelles il est jugé à Vannes depuis le 24 février.
Les carnets
L'ex-chirurgien a indiqué avoir utilisé un "produit anesthésiant". Ses propos ont été actés par procès verbal par la présidente de la cour, Aude Buresi, et pourront servir à une procédure ultérieure.
"J'ai un souvenir, c'était à Vannes. (Des parents) se plaignaient que j'allais trop souvent dans la chambre de leur fille. J'ai nié évidemment", a aussi déclaré Joël Le Scouarnec au cours d'un long interrogatoire sur les faits, portant notamment sur les carnets et fichiers dans lesquels il consignait méticuleusement les violences.
L'ancien médecin a affirmé que ce qui était de "l'ordre du fantasme" était écrit "au conditionnel" et ce qui était "au présent" pouvait relever d'actes "purement médicaux mais que je fantasmais ou des actes que j'ai accompli réellement et que je reconnaitrai".
Comment faire la différence? "La seule personne qui peut vous donner les explications, c'est moi", répond l'accusé dans son box, la présidente répliquant qu'il gardait ainsi "le pouvoir". Et s'il contestait les pénétrations digitales dans la vulve de petites filles, Joël Le Scouarnec a assuré avoir évolué sur le fait que "même une pénétration entre les lèvres d'une petite fille c'est un viol, ce que je contestais devant le juge d'instruction".
Le Scouarnec évoque sa "pédophilie" qui a "tout envahi"
Âgé de 74 ans, le médecin cachait des revues pédopornographiques, des clichés de lui-même nu "dans des positions suggestives" et des disques durs remplis de photos pédopornographiques en haut d'une armoire, raconte-t-il dans la salle du tribunal de Vannes. D'une voix impassible, jamais troublée par l'émotion, l'accusé décrit une organisation bien rodée: il écrit "quotidiennement dans (son) journal intime", met en gras le mot "éjaculer" puis rapporte dans un fichier excel le nombre de ses éjaculations mensuelles.
Dans les milliers de pages de ce que la cour appelle "les carnets", Joël Le Scouarnec a décrit in extenso les viols et agressions sexuelles infligés à quelque 300 victimes, dont de nombreux patients dans des hôpitaux de l'ouest de 1989 à 2014, mais consigné aussi le "journal intime" de sa sexualité.
"J'ai écrit des atrocités sans pour autant les penser", affirme-t-il, évoquant une "surenchère du fantasme". "Plus c'était ignoble, sordide, plus je m'y complaisais."
Pédophile, sadique, masochiste, exhibitionniste, scatophile, zoophile... La présidente Aude Buresi lit un extrait du carnet de 2004 où le médecin énumérait ses paraphilies puis concluait "et j'en suis heureux". Elle évoque aussi ses poupées, dont certaines "avaient la taille d'un enfant de cinq ans", selon Joël Le Scouarnec. Celui qui s'autoproclamait "le plus grand pervers du monde" buvait son urine, préparait des gâteaux avec son sperme, subtilisait les culottes sales de petites filles, essayait de se faire pénétrer par son chien...
Mardi matin, il a martelé être à la fois "le bon chirurgien et le pervers qui n'avait aucun état d'âme". "Ce sont deux choses qui se juxtaposent (mais) cette activité pédophile n'a pas eu de retentissement sur mon activité professionnelle", a-t-il dit. "J'ai été ce chirurgien qui a profité de son statut pour abuser d'enfants", consent-il.