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Police-Justice

“Une respiration bestiale”: au procès de Joël Le Scouarnec, le témoignage glaçant d'Orianne

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L'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec, jugé pour des agressions sexuelles et des viols sur près de 300 patients mineurs, a reconnu hier pour la première fois certains viols. "Il a brisé ma vie et je veux qu'il l'entende" a dit l'une des premières victimes à la barre. Orianne, l'un des rares à ne pas avoir été endormie au moment des faits et qui se souvient des viols subis

Il disait vouloir se confronter aux victimes, c’est désormais chose faite pour Joël Le Scouarnec, jugé à Vannes pour 299 viols et agressions sexuelles. Les premières victimes ont défilé à la barre hier pour raconter les traumatismes, les vies et les familles brisées après les agissements de l’ex-chirurgien.

Il a d’ailleurs reconnu des faits de viols là où pendant l’instruction, il n’avait reconnu que des agressions sexuelles.

La carapace de Joël Le Scouarnec a donc semblé s’ouvrir jeudi. Il s’est effondré à chaque fois au terme du récit terrible des souffrances de ses victimes. À commencer par celui de la première d’entre elle, Orianne, l’une des rares victimes qui n’était pas endormie au moment des faits et qui se souvient précisément des viols infligés par l’ex-chirurgien.

“J’essayais de ne pas dormir, car je savais ce qui allait se passer”, raconte Orianne, relatant son hospitalisation en 1992, à 10 ans. Plusieurs fois dans sa chambre, le chirurgien lui impose des pénétrations digitales avec, répétera-t-elle, “une respiration bestiale” qui la hante encore.

Pas entendue pendant des années

Joël Le Scouarnec, écrasé dans son box, écoute la désormais quarantenaire s’insurger: “Moi, je savais qu’on ne prenait pas la température avec un doigt dans le vagin”. En sortant, elle essaie d’alerter avec ses mots d’enfants: “le chirurgien m’a fait mal, très mal”. Mais entre sa mère, son gynécologue, personne ne cherche à en savoir plus. Alors en 2019, la police au bout du fil, Orianne explose. “Ça fait 30 ans que j’attends votre appel. Trente ans pendant lesquels dit-elle, “je suis restée forte psychologiquement, mais mon corps parle à ma place: une maladie auto-immune s’est déclarée”. C’est pour cela qu’elle témoigne en visioconférence.

“J’ai dévasté sa vie”, constate Joël Le Scouarnec, étranglé par les sanglots “Je lui demande pardon”.

Martin Cadoret avec Guillaume Descours