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Procès Palmade: "Ça m’oblige à revivre l’accident encore une fois", témoigne la jeune femme victime

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EXCLU RMC. Plus d’un an et demi après l’accident de voiture impliquant Pierre Palmade en Seine-et-Marne, le 10 février 2023, l’humoriste va être jugé devant le tribunal correctionnel de Melun pour “blessures involontaires aggravées” ce mercredi. Avant le procès, Mila, qui a perdu son bébé alors qu’elle était enceinte de six mois et demi au moment du drame, confie ses angoisses et ses attentes à RMC.

“C’est un traumatisme qui me consume entièrement”. Plus d’un an et demi après le drame, Mila, 27 ans, doit une nouvelle fois se replonger dans l’accident provoqué par Pierre Palmade le 10 février 2023, alors qu’il était sous l’empire de stupéfiants. À la veille du procès de l’humoriste, qui se tient mercredi 20 novembre 2024, la jeune femme, longs cheveux noirs attachés en queue de cheval, se dit paralysée par l’anxiété.

“Le procès m'oblige à repenser à l'accident, à le revivre encore une fois. L’inquiétude, les cauchemars et les flash-backs ressurgissent automatiquement”, déplore-t-elle.

Car si elle est suivie par un psychologue au moins une fois par semaine depuis le drame, elle craint que ce ne soit pas suffisant pour combattre ses angoisses: “J’ai eu un rendez-vous à l’hôpital pour mettre en place un nouveau traitement médicamenteux, plus fort, que je vais prendre jusqu’à la fin du procès pour tenir psychologiquement”.

"Je n’arrive toujours pas à en parler sans pleurer"

Malgré sa santé mentale toujours fragile, Mila assure qu’elle sera présente pour faire face à Pierre Palmade. “Mais je ne sais pas encore si j’aurai la force de prendre la parole pendant l’audience, confie-t-elle à RMC. Je n'ai jamais vécu un procès, je ne sais pas comment ça va se passer.”

Au cœur de son appréhension, le souvenir de sa fille qu’elle n’a jamais pu connaitre. Alors enceinte de six mois et demi lors de l’accident, la jeune femme avait perdu son bébé à la suite du choc. “Ça va être très dur, souffle-t-elle, les larmes aux yeux. Je n’arrive toujours pas à en parler, même à y penser, sans pleurer".

L’espoir d’une sanction à la hauteur du traumatisme

Seule petite lumière au bout du tunnel, la santé physique de la jeune femme s’est améliorée depuis l’accident. Après avoir notamment souffert d’un décollement de l’omoplate qui l’a empêché de se déplacer normalement pendant plusieurs mois, “je commence à retrouver mon corps d’avant, sans être paralysée par des douleurs insoutenables”, assure-t-elle.

Un léger regain de forme sur lequel elle compte s’appuyer pour traverser ce procès: “Je n’attends qu’une chose, que la sanction soit à la hauteur de ce que Pierre Palmade m’a fait, et des conséquences qui nous écrasent encore aujourd’hui.”

L’ancienne auxiliaire de vie scolaire, qui n’a toujours pas pu reprendre le travail, a pourtant déjà dû faire une croix sur un procès pour “homicide involontaire” après qu’une expertise médicale a conclu que son bébé était mort in utero, avant l’accouchement d’urgence à l’hôpital. La justice ne considérant pas qu’un fœtus est un être vivant, seule la qualification de “blessures involontaires aggravées” a alors été retenue contre l’humoriste.

“Mais j’aimerais que ce procès puisse au moins faire évoluer la loi dans les affaires d’accidents de la route, explique-t-elle. Qu’une sanction très lourde fasse jurisprudence, pour toutes les femmes qui auraient à traverser la douleur d’une vie toute entière: celle de perdre son bébé encore dans son ventre.”

Les craintes d’une déception judiciaire

Mais depuis plusieurs jours, l’entourage de Mila, plus pessimiste, a tenté de la préparer à une déception judiciaire. “Certains craignent que Pierre Palmade soit privilégié en raison de sa notoriété”, s’agace-t-elle.

Placé sous contrôle judiciaire, l’humoriste n’a jamais franchi les portes d’un établissement pénitentiaire depuis l’accident en raison de ses difficultés de santé. Il avait alors été placé sous bracelet électronique et soigné dans un centre d’addictologie en Gironde, où il était assigné à résidence. Une décision critiquée par les parties civiles, qui avaient notamment dénoncé un “régime de faveur”.

Mais aujourd’hui, la jeune femme assure qu’elle tente de rester optimiste: “De toute façon, je n’ai pas d’autre choix si je veux tenir. Je veux croire que la justice française ne fera pas de différence entre une célébrité, et les inconnus brisés que nous sommes devenus par sa faute.”

Julie Brault