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Andy Kerbrat doit-il démissionner? "Désobéir à la loi c’est une sorte de trahison des électeurs"

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Le député LFI Andy Kerbrat a été interpellé en flagrant délit d’achat de drogue. Alors que la gauche le défend et le présente comme un “malade à soigner”, Bruno Retailleau l’invite à tirer les conclusions de son comportement, et pour l’écrivain Arthur Chevallier, c’est inacceptable. C’est son avis tranché ce mercredi sur RMC.

On attend sa démission, et vite. Le député LFI Andy Kerbrat n’a pas seulement enfreint la morale, ça on aurait pu lui pardonner, il a enfreint la loi. Être député, c’est un privilège par nature, on bénéficie d’avantages à la fois matériel et symbolique. Ce qui est normal puisqu’on représente la République. Mais en échange, on doit être exemplaire.

D’autant que ces dernières années, les scandales n’ont pas manqué. La crise de la démocratie ne vient pas de nulle part. Les scandales s’accumulent. La liste est longue, et ça concerne des ministres. En 2005, Hervé Gaymard quitte le gouvernement parce qu’il profitait d’un appartement de fonction gigantesque. En 2010, c’est Christian Blanc qui s’en va, car il avait payé ses cigares avec des fonds publics.

Alors à gauche, c'est pas mieux. Sous François Hollande, c’était carrément la foire. Thomas Thévenoud ne déclarait pas ses impôts à cause d’une “phobie administrative”. Bruno Le Roux faisait travailler ses filles comme assistantes parlementaires. Mais rien n’égalera Jérôme Cahuzac qui, les yeux dans les yeux et étant ministre du Budget, avait juré à l’Assemblée nationale ne pas avoir de compte à l’étranger. Résultat: une fraude fiscale et une peine de prison.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Politique, un devoir d'exemplarité ? - 23/10
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"La démocratie va avec l'exemplarité"

On a toujours attaché de l’importance à l’exemplarité des hommes politiques. Car la démocratie, ça va avec l’exemplarité. Dans l’Antiquité, à Athènes, la notion d’égalité devant la loi, c’est fondamental. À l’époque, les ministres, ça s’appelle des stratèges. Et rendre des comptes à la cité, c’était la base de l’exercice démocratique.

Par ailleurs, les stratèges passaient un temps fou devant les tribunaux pour justifier ce qu’ils faisaient. À Rome, il y avait ce qu’on appelle des censeurs. Une de leurs missions, c’était surveiller les mœurs des sénateurs. Et ils n’hésitaient pas à les dénoncer quand ils se comportaient mal. Cette tradition va rester en Occident.

Pour le philosophe Machiavel, les bonnes mœurs, c’est la condition de la bonne politique. Ça veut dire qu’il faut montrer l’exemple. Même les rois de France doivent obéir à la morale chrétienne, ça impliquait la vertu. Alors ça ne veut pas dire qu’ils étaient tous exemplaires, mais ça faisait partie de leurs obligations.

"Une sorte de trahison des électeurs"

Donc désobéir à la loi, pour un député, c’est une sorte de trahison des électeurs. Ça revient à ne pas respecter le contrat qu’il y a entre nous, les citoyens, et ceux qui nous représentent. Quand on élit quelqu’un, on lui donne en fait un pouvoir sur nous parce qu’on pense qu’il ne fera pas n’importe quoi.

Un député qui ne respecte pas la loi, c’est un peu comme un pompier qui allume un feu de forêt. Et si Andy Kerbrat est malade, il est normal qu’il se soigne, mais dans un lieu adapté. L’Assemblée nationale, ce n'est pas un centre de désintoxication.

Arthur Chevallier