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Après la non-censure du budget, LFI veut bouter le PS hors du NFP

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La France insoumise a dénoncé mercredi "l'interruption" du Nouveau Front populaire "par le Parti socialiste" qui a refusé mercredi de voter la censure du gouvernement Bayrou, mais le patron du PS Olivier Faure a affirmé en retour que l'alliance "continuerait" pour battre l'extrême droite.

La France insoumise veut excommunier les socialistes de l'alliance de gauche: LFI a accusé mercredi le PS "d'interrompre" le NFP par son refus de voter la censure du gouvernement Bayrou, des accusations vues comme stériles et illégitimes par le parti d'Olivier Faure.

Le NFP "ne peut pas réunir à la fois des forces d'opposition unies contre le gouvernement et l'un de ses soutiens", a accusé LFI dans un communiqué cinglant, à peine le budget 2025 de l'État adopté par l'Assemblée nationale grâce au rejet de la motion de censure défendue par les Insoumis.

Seuls 128 députés ont approuvé mercredi soir cette motion de censure. Six des 66 députés socialistes l'ont votée, contre l'avis de leur groupe. À l'inverse, ils sont 37 chez les 38 députés écologistes et 15 chez les 17 élus du groupe des communistes et ultramarins à avoir voté pour faire tomber François Bayrou et ses ministres.

"Personne n'exclut personne"

"Le mouvement insoumis proposera une rencontre à chaque parti du Nouveau Front populaire qui a voté la censure pour faire le point et poursuivre sur la base d'un rassemblement loyal et clairement dans l'opposition au macronisme", poursuit le mouvement de gauche radicale, dans une volonté d'isoler le parti à la rose.

Les Insoumis ont déjà menacé de présenter des candidats face aux députés socialistes sortant n'ayant pas voté la censure aux prochaines élections législatives.

Le patron du PS Olivier Faure a qualifié ces nouvelles oukazes de "numéro de claquettes", assurant que "le Front Populaire continuera à exister tant qu'il y aura la volonté de battre l'extrême droite". Il a ajouté que Jean-Luc Mélenchon n'était "pas le chef du Front populaire. Donc personne n'exclut personne".

"Viendra sans doute le moment des excuses", a-t-il également espéré sur X après la publication par La France insoumise, sur le réseau social, d'un visuel le montrant souriant à côté de Marine Le Pen, dont les troupes n'ont pas voté la censure non plus.

"Les nouvelles alliances", était-il écrit sur ce visuel, rapidement supprimé par LFI. "Ça me fend le coeur", a commenté la patronne des Écologistes Marine Tondelier sur BFMTV, en regrettant que les Insoumis "réservent les coups les plus durs à leurs partenaires politiques".

"Trafiquants, menteurs"

Lors d'un meeting dans la soirée à Angers, où il a adopté un ton résolument offensif, Jean-Luc Mélenchon a pour sa part fustigé "la bassesse des fausses oppositions qui, au moment où elles auraient dû toutes se montrer conformes à ce qu'elles prétendent être, ont abandonné la ligne de combat, déserté la tranchée".

"Nous ne voulons pas être confondus avec ces trafiquants, avec ces menteurs", a-t-il poursuivi, en dénonçant notamment le "sectarisme de petit bourgeois bouffi parisien" du député et candidat socialiste à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire, qui a défendu la position des socialistes plus tôt dans la journée dans l'hémicycle de l'Assemblée.

Se revendiquant fermement dans l'opposition, les socialistes justifient leur décision de ne pas censurer le gouvernement par le besoin de "stabilité" du pays et la nécessité de le doter d'un budget.

"Les résistants d'aujourd'hui, ils sont dans cette salle", a également lancé Jean-Luc Mélenchon à ses militants. "Je sais très bien quelle comparaison je fais et si ça ne leur plait pas je m'en fiche", a-t-il ajouté.

Loin des diatribes insoumises, écologistes et communistes ont déjà annoncé que la décision du PS, bien que différente de la leur, ne représentaient pas un casus belli pour eux pour autant.

Et Olivier Faure d'affirmer que tous les députés du Nouveau Front populaire allaient "ensemble être dans la tranchée pour nous battre contre les mesures très régressives" qui seront proposées par le parti de droite LR, notamment dans la journée réservée à ses textes jeudi à l'Assemblée nationale.

Il a par ailleurs indiqué que le PS présenterait après le vote définitif du budget, le 19 février, une nouvelle motion de censure "contre la ‘trumpisation’ du gouvernement Bayrou" après les propos de ce dernier sur le "sentiment de submersion" migratoire.

C.A avec AFP