Climat: "le gouvernement ne fait rien pour nous prémunir" du scénario du pire, pour Julien Bayou

"Mon quinquennat sera écologiste ou ne sera pas." Telle était la promesse d'Emmanuel Macron, dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, en 2022. Une phrase qui est restée dans la tête du député écologiste Julien Bayou. Invité de la Matinale Week-End, il a dénoncé l'inaction du gouvernement en matière de climat, alors que le ministre de la Transition écologique table désormais sur 4°C en plus en France d'ici 2100.
"Le gouvernement ne fait rien pour nous en prémunir. Emmanuel Macron, il y a quelques temps a finalement dit qu'il souhaitait une pause. Un peu comme Nicolas Sarkozy qui à un moment avait dit l'Environnement, ça commence à bien faire", tacle-t-il.
"L'ensemble de notre vie quotidienne sera bouleversée"
L'ancien patron d'EELV veut provoquer une prise de conscience chez les Français, sur ce que veut dire "une France à quatre degrés" de plus. Il estime ainsi que si cette hypothèse, auparavant jugée "pessimiste" est désormais considéré comme une "réalité", c'est "l'ensemble de notre vie quotidienne, de nos comportements qui sont bouleversés".
Quatre degrés en plus, "c'est des difficultés pour se nourrir, c'est évidemment l'accès à l'eau (qui se complexifie). C'est Dunkerque qui devient une presqu'île. C'est le recul du trait de côte, c'est des inondations, des incendies. Comment on fait ou est ce qu'on les reloge ces personnes ?" demande le parlementaire.
Pour lui, le "plan Canicule" proposé par le gouvernement, et présenté par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dans le Journal Du Dimanche, est "indigent" et ne contient que "des intentions":
"Vous m'avez invité pour réagir à un plan. Là, on a une annonce de fiche technique. On attendait des annonces et il n'y a pas d'annonce mais que des annonces d'annonces."
Un plan d'adaptation en plus de la réduction des gazs à effet de serre
Le député de Paris propose un plan d'adaptation face au réchauffement climatique car s'il "faut réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut aussi malheureusement s'adapter car elles produisent déjà des effets de dérèglement."
Parmi ses propositions les plus simples au quotidien: peindre les toits en blanc, ce qui ferait perdre quatre à cinq degrés de moins sur chaque bâtiment l'été, créer des oasis de fraîcheur en ville, débitumer le plus possible ou encore installer des stores. La ville d'Arcueil a même décidé de remettre à l'air libre la Bièvre, qui avait été enterrée au siècle dernier.
Mais le parlementaire prévient: "la personne qui vous dit maintenant j'ai une solution pour cet été, elle vous ment" mais, selon Julien Bayou, il faut "engager des effets structurants".
"Le climat est une question de sécurité nationale désormais. L'inaction de ce gouvernement nous rend vulnérable."
"La France n'est pas prête" face aux feux de forêts
L'ancien secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts voit aussi l'état des infrastructures en France se déteriorer et notamment l'état des ponts dp,t "10% sont dans un état structurel défaillant. Vous rajoutez à cela une sécheresse ou des inondations et évidemment, on frôle la catastrophe. Le constat est connu: il faut inspecter, il faut réparer, il faut investir. Le gouvernement est à l'arrêt là dessus." Le député dénonce aussi le manque de moyens pour les pompiers:
"En Gironde, la saison des feux a démarré et les camions sont toujours pas réparés de la saison des feux de 2022. C'est ça la réalité. On manque d'avions, on manque de d'hélicoptères, on manque de retardant. La France n'est pas prête."
Pour parer à la situation, Julien Bayou demande le doublement de la taxe sur les assurances allant aux départements pour augmenter ces moyens, ce à quoi le gouvernement s'oppose.
Bayou propose un encadrement des meublés touristiques
Julien Bayou a aussi expliqué sa proposition de loi transpartisane (avec "un député Renaissance, un député socialiste et un sénateur de droite") pour "encadrer les meublés touristiques": "l'effet que ça a désormais, c'est que vous avez des gens qui achètent des logements, qui leur retirent du marché pour les passer en meublés touristiques."
"On ne parle pas du couple ou de la personne retraitée qui loue une partie ou quelques semaines pour avoir un peu de beurre dans les épinards, mais des appartements qui sont à 100 % loués à des fins touristiques" a précisé le député qui veut lutter contre vraiment" un tsunami de disparition de ces logements qui prennent à la gorge" certaines villes.
Cette proposition reçoit le soutien de plusieurs maires dans une tribune au JDD, qui dénoncent ces abus: "Il y a des rues, ce n'est même plus la peine d'y aller. Il n'y a pas d'habitants." explique le député qui détaille:
"Cous avez vendu cinq fois plus de logements en meublés touristiques que d'annonces classiques. Je vous mets au défi de de trouver un appartement pour une famille à Saint-Nazaire par exemple. Ça devient extrêmement compliqué à Biarritz, à Bayonne. Dans ces maires qui soutiennent cette initiative, il y a toutes les étiquettes, plus de 20 départements qui sont représentés."
Julien Bayou ne veut pas combattre le tourisme mais combattre les abus. "Personne ne s'attaque au tourisme. Mais si vous ne pouvez pas loger les saisonniers, comment vous faites fonctionner cette industrie touristique ? C'est désormais ça la question qui se pose", conclut-il.