A quoi va ressembler le "plan Canicule" du gouvernement?

Il y avait eu des mesures prises après la canicule de 2003 particulièrement mortelle, comme l'installation obligatoire de pièces aux températures froides dans les EHPAD. Mais depuis 20 ans, plus rien ou presque.
20 ans plus tard, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a présenté, dans les colonnes du Journal du Dimanche, les contours de son "plan Canicule". Objectif: préparer la France à une hausse des températures de 4°C d'ici 2100. Ce qui était un scénario décrit comme "pessimiste" est désormais considéré comme une "réalité". Dans ce scénario, les canicules pourraient durer jusqu'à deux mois et certaines zones particulièrement exposées (arc méditerranéen, couloir rhodanien, vallée de la Garonne) pourraient connaître jusqu'à 90 nuits tropicales par an.
Le gouvernement s'attend à des pluies extrêmes plus intenses, notamment sur une large moitié nord, et des épisodes des sécheresses de plus d'un mois l'été dans le sud et l'ouest. Les pénuries d'eau se multiplieront avec de "fortes tensions sur l'agriculture et la forêt" et la "quasi-totalité des glaciers français auront disparu".
Des travaux et des adaptations
20 ans après le dernier plan, le ministre veut lancer des travaux sur le sujet pour les écoles et les crèches, où là aussi le public est fragile face à la chaleur. Le plan envisage aussi des réflexions pour les ouvriers qui travaillent sur les chantiers en plein soleil, pour l'organisation des examens, souvent l'été, ou encore pour les festivals en plein air.
Concrètement, à partir de cet été, une fiche technique précisera aux préfets, aux chefs d'entreprises, aux organisateurs d'évènement ce qu'il faut faire en cas de canicule.
"La réalité globale du réchauffement climatique s'impose (....) il faut donc se préparer concrètement à ses effets inévitables sur notre territoire et sur nos vies", explique Christophe Béchu, dans un communiqué.
"C'est pourquoi nous voulons doter notre pays d'une trajectoire claire en terme d'adaptation" afin de "construire un modèle de résilience au plus près des réalités du terrain et d'éviter la mal-adaptation."
Une consultation publique
Pour adapter la France à cette situation, Christophe Béchu lancera mardi une consultation publique jusqu'à la fin de l'été pour définir la trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation de la France (TRACC), sur lequel il basera le prochain plan d'adaptation français au changement climatique, attendu pour la fin de l'année, en parallèle des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les deux premières versions de ce plan, datant de 2011 et 2018, ne prenaient en compte que l'hypothèse des objectifs de l'accord de Paris, visant à limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2°C et de préférence à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle, soit une hausse de maximum +3°C pour la France. Mais cela est-il encore réaliste, alors que la France en est déjà à 1,7°C?
L'année 2022, plus chaude jamais enregistrée en France depuis 1900, avec l'été le plus chaud jamais enregistré en Europe, et les récents événements météo extrêmes dans le monde (sécheresse en Espagne, canicules en Asie, ouragan en Birmanie, sécheresse dans la Corne de l'Afrique ...) montrent que les effets du changement climatique s'accélèrent. Le dernier rapport du Giec a lui estimé en mars que le réchauffement climatique attendrait la barre des 1,5°C au niveau mondial dès 2030-2035.