"Couper" les réseaux sociaux: Emmanuel Macron surprend dans la majorité et fait bondir l'opposition

"Quand les choses s’emballent, nous pourrions se dire qu’on se met peut-être en situation de réguler ou de couper (les réseaux sociaux)". La petite phrase prononcée ce mardi, dans une réunion avec les maires, par le président de la République Emmanuel Macron a étonné au sein même du gouvernement comme dans la majorité. Plusieurs ont même découvert les propos du chef de l’Etat via la presse. Dans la foulée, le ministère de la Transition numérique tente de calmer le jeu, et assure qu’il n’est pas question de restreindre l’usage des réseaux sociaux.
L’exécutif a déjà réfléchi à d’autres propositions pour durcir les sanctions contre les harceleurs. Une disposition devrait par exemple être adoptée prochainement: une personne qui dévoile l’adresse d’un policier ou menace un élu en ligne pourra être bannie du réseau social entre six mois et un an.
Vraie idée ou coup de pression?
Mais un député Renaissance, qui suit de près les sujets numériques, est plutôt gêné aux entournures. Il estime impossible que le président puisse envisager sérieusement de couper les réseaux sociaux .
"C’est une mesure excessive. Personne dans la majorité n’a la fibre de dictateur", explique-t-il.
Lui voit une autre explication: Emmanuel Macron tenterait de mettre la pression sur les plateformes pour qu’elles retirent plus rapidement les messages appelant à la violence. Pas de quoi convaincre un socialiste, pour qui "un président ne devrait pas dire ça", et selon lequel le fait même d'envisager une coupure crée un précédent "extrêmement grave".
>>> Toute l’actualité politique est à retrouver sur le site et l’application RMC
"Un président ne devrait pas dire ça"
Les propos du président font d'ailleurs bondir une grande partie de l’opposition. Du RN à LFI en passant par les Républicains ou les socialistes, le président fait l’unanimité contre lui sur ses propos. Plusieurs députés font la comparaison avec les pratiques des régimes autoritaires comme la Corée du Nord, la Russie, la Chine ou l’Iran.
"Emmanuel Macron fait l’erreur tragique de penser qu’une partie de la population est pour cette mesure. Mais c’est la meilleure manière d'accréditer la thèse que le pays prend une pente illibérale", explique, dépité, un député socialiste.
Sur le fond, un insoumis estime que la proposition ne tient pas la route. Il dénonce un "coup de com’" du président, "pour faire peur à tout le monde", mais "Emmanuel Macron sait qu’il sort du cadre constitutionnel". Un proche de Marine Le Pen dénonce lui aussi une atteinte au droit à l’information. Selon lui, quoi qu’il arrive, une telle mesure serait vite contournée selon lui: "Qu’on le regrette ou non, la technologie ira toujours plus vite que la loi".