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Édouard Philippe et son parti Horizons prennent des libertés vis-à-vis des macronistes

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Le parti d'Édouard Philippe, Horizons, s'éloigne, un peu, de la majorité présidentielle et revendique sa propre identité. Son groupe parlementaire va défendre un texte jeudi lors de sa niche parlementaire, contre l'avis de Renaissance.

Le groupe Horizons à l'Assemblée nationale va profiter de sa niche parlementaire jeudi pour défendre un texte qui instaure une peine minimale d’un an de prison en cas de récidive d’agressions sur les élus ou les policiers. Si Horizons fait partie avec Renaissance et le MoDem de la majorité présidentielle, ce texte ne fait pas du tout l'unanimité.

Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, dit non tout comme les députés Renaissance pour qui la mesure déjà testée sous Nicolas Sarkozy est inefficace. "Je ne comprends pas, Édouard Philippe était contre quand il était premier ministre. C’est incohérent", déplore un député Renaissance.

"Je soutiens le programme d’Emmanuel Macron, mais je ne suis pas pieds et points liés", défend un élu Horizons, qui revendique son identité propre et donc distincte des macronistes.

L'impression de ne pas avoir le même langage

Des macronistes accusent la trentaine de députés Horizons de mettre à mal l’unité et de fragiliser de la majorité. Cette unité est d’autant plus importante quand la majorité n’est que relative. "Horizons ça n’est pas la famille proche, ce sont des cousins éloignés", attaque un parlementaire Renaissance, qui a l’impression de ne pas parler le même langage.

Ces fragilités se ressentent lors des réunions entre les deux groupes:"Dès qu’on n'est pas d’accord avec eux, ils ont des réactions épidermiques", déplore une élue Horizons. Elle ajoute: "Je ne m’y retrouve pas avec eux, on se sent enfermés. Il faut qu’on assume encore plus le rapport de force".

Un épisode laissera d'ailleurs des traces. Dans les dernières heures du débat des retraites à l’Assemblée nationale, le parti d’Édouard Philippe s’est joint aux Républicains pour réclamer les 43 annuités pour toutes les carrières longues. C'est encore un pas de côté d'Horizons. Pourquoi ? "Ils ont le sentiment d’être pris pour des moutons par la première ministre. Ils lui reprochent d'être moins considérés que la droite", analyse un élu macroniste.

Des désaccords pour les éléctions sénatoriales

Surtout que les élections sénatoriales se profilent. Elles auront lieu en septembre prochain et c'est maintenant que les partis commencent à investir leurs candidats. Horizons insiste sur son ancrage dans les territoires et veut devenir le premier parti de la majorité au Sénat devant ses partenaires. Il réclame donc un maximum d’investitures au sein de la coalition présidentielle, mais Renaissance ne l’entend pas de cette oreille et a d’ores et déjà réinvesti ses sénateurs sortants.

Les négociations sont entamées pour les autres sièges. Est-ce qu’il pourrait y avoir des dissidences, une liste Renaissance contre une liste Horizons dans certains départements? C’est en tout cas la menace que certains font planer. Le sénateur François Patriat met en garde: "S’il y en a, on perdra forcément des sièges."

Cyprien Pézeril