Emmanuel Macron en visite surprise dans un café de l'Aisne: "Il vise à soigner sa popularité"

Emmanuel Macron a réalisé une visite surprise dans plusieurs communes de l'Aisne, jeudi. Si ce n'est pas une première pour le président, plutôt adepte de la manoeuvre, il est à noter que ses sorties sont plus rares depuis la dissolution de l'Assemblée nationale.
"C'est une logique de carte postale qui vise à soigner sa popularité et dont le but est certainement d'éviter d'être associé au chaos sur les discussions budgétaires", analyse sur RMC, au micro d'Estelle Midi, Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po Paris,
Le président de la République s'est donc rendu dans un café puis, pendant 1h30, au sein de la maison France Services à Hirson, commune de 8.000 habitants située à quelques kilomètres de la frontière belge, selon Jean-Jacques Thomas, maire PS de la commune, prévenu de cette visite au dernier moment.
"C'est un canular!"
Cette visite impromptue, sans en avertir la presse, "correspond à une volonté d'échanger directement avec des Français de manière désintermédiée", a indiqué l'entourage d'Emmanuel Macron à l'AFP. "Personne n'était prévenu en amont, pas même le préfet."
C'est après une nuit dans le Nord qu'il est arrivé jeudi à Hirson, en milieu de matinée, où personne ne s'attendait à sa venue. Katia est derrière son comptoir quand elle voit arriver le président et pense qu'il s'agit d'une caméra cachée. "Choquée. Ce n'est pas possible, c'est un canular!, se remémore-t-elle auprès de RMC. "On s'est regardés avec un client, on s'est demandés si c'était le vrai. Il était tout seul." Sans ses gardes du corps, qui arrivent seulement après.
"Important d'aider l'Ukraine"
Le président prend son temps et s'installe avec un café à côté de Yannick, un habitué du bar. "Je me suis autorisé à lui poser une question", explique-t-il. "Il m'a dit que le plus grave qu'il avait rencontré, c'était la crise des gilets jaunes." Il lui demande également pourquoi la France finance autant la guerre en Ukraine, alors qu'il faut faire des économies. "Il m'a expliqué que c'était important d'aider l'Ukraine par rapport à monsieur Poutine, qui aurait pu être un danger pour l'Europe."
Mais la discussion tourne court, car le maire et bientôt une trentaine d'habitants arrivent et tous veulent leur photo avec le président de la République. Jusqu'à tourner une vidéo avec des élèves, justifiant leur retard au lycée.
Le chef de l'Etat s'est ensuite rendu à l'abbaye Saint-Michel puis dans une école à Vervin, toujours encore sans prévenir. Emmanuel Macron était mercredi soir dans le Nord, où il a annoncé un plan de soutien de quelque 290 millions d'euros pour le développement du territoire déshérité de Sambre-Avesnois-Thiérache, auquel appartient Hirson.
"Futilité" de la démarche
Philippe Moreau-Chevrolet s'interroge de son côté sur la "futilité" d'une telle démarche. "Ce n'est pas complètement rassurant comme type de communication quand il y a une actualité aussi anxiogène", poursuit l'universitaire, qui cite notamment les déclarations de Donald Trump et les "offensives contre les démocraties européennes d'Elon Musk". "La priorité numéro 1 est de rassurer les Français."