Étudiants propalestiniens: "Ils sont instrumentalisés", estime le président de l'université de Strasbourg

Après l'annonce, vendredi soir, de la fin du blocage de Sciences Po Paris à la suite d'un accord entre la direction et les étudiants propalestiniens qui bloquaient l'établissement, le président de l'Université de Strasbourg, Michel Deneken, a estimé que c'est bien le rôle des universités d'offrir des espaces de débat. « Instaurer un débat, c’est faire notre boulot, ce n’est pas céder", a-t-il déclaré ce samedi 27 avril sur RMC dans la Matinale Week-end.
"Les étudiants ne connaissent pas la complexité de Gaza"
Le président d'université a toutefois tenu à rappeler que la situation à Sciences Po n'était pas, selon lui, représentative de ce qu'il se passe au sein des universités françaises. "Elles ne sont pas à feu et à sang. Même à Sciences Po, c’est un tout petit groupe qui bloque", a-t-il souligné.
Selon Michel Deneken, les manifestations propalestiniennes initiées par les étudiants résulteraient d'une influence. « Beaucoup d’étudiants ne se sentent guère concernés. On a des petits groupes à Strasbourg virulents. Ils sont instrumentalisés par des partis politiques. ils ne connaissent pas la complexité de Gaza", a-t-il taclé.
"On fait des Palestiniens le damné de la Terre. Le Palestinien est un symbole", déclare Michel Deneken, le président de l'Université de Strasbourg
Instrumentalisés par qui ? Pour le président de l'Université de Strasbourg, LFI, du moins Jean-Luc Mélenchon, a sa part de responsabilité. " On a entendu M. Mélenchon traiter un président d’université d’Eichmann, c’est gravissime. On sait que M. Mélenchon manie un verbe approximatif et violent. On ne peut pas prétendre vouloir du débat et allumer des incendies puis venir en grand pompier. Quand ces hommes politiques ont-ils vraiment instauré un vrai débat contradictoire ? », s'est-il interrogé.
"Boycotter Israël, c'est le contraire de l'université"
Concernant les revendications des étudiants de cesser les parternariats avec les universités et entreprises israéliennes, la encore, Michel Deneken s'est offusqué: « Israël est une démocratie, que cela plaise ou non. Boycotter Israël et refuser des relations académiques avec des universités ou entreprises israéliennes, c’est le contraire de l’université. Nous devons rester ouverts dans tous les sens du terme. »
Michel Deneken a également critiquée la gestion de Sciences Po, qui a connu plusieurs soubresauts ces derniers temps, avec notamment la démission de son directeur Mathias Vicherat en mars, qui sera jugé pour violences conjugales. « Cela abîme l’image de Sciences Po. Il faudra s’interroger sur sa pertinence. La France à un rapport très particulier à Sciences Po Paris. C’est une école réputée et reconnue. Cela laisse peut-être un espace de réflexion sur sa gestion et son avenir. Il y a une opacité dans ses nominations. Nous, présidents d’universités, nous sommes élus. »
Les universités françaises vont-elles suivre la marche ?
Un phénomène de contagion peut-il se répandre sur toutes les universités françaises, comme l'appelle Hubert Launois, étudiant à Sciences Po et membre du comité Palestine de l'établissement. « Nous ne sentons pas sur le terrain, y compris avec les renseignements territoriaux, des mouvements qui iraient vers ce qu’il se passe aux Etats-Unis », a répondu Michel Deneken.