Jordan Bardella dévoile le programme du RN: école, binationaux, international… ce qu'il faut retenir

Devant Marine Le Pen et Eric Ciotti, qui s'affichaient fièrement ensemble à la suite de leur alliance, Jordan Bardella a présenté le programme du RN lors d'une conférence de presse ce lundi 24 juin 2024. Attaquant la majorité actuelle, le président du Rassemblement national a estimé qu'elle ne sera pas reconduite, car "largement distancée" et a martelé qu'elle fait preuve d'un "manque total d'humilité", alors qu'elle a été "sanctionnée" dans les urnes aux européennes. Il a déploré "la dégradation de la situation budgétaire du pays" par l'exécutif.
Taxant encore le programme de "la Nupes 2.0" de "Vénézuela sans le pétrole", il estime que les mesures du NFP provoqueraient rapidement "la mise sous tutelle de la France par le FMI (Fonds monétaire international)". Il a assuré porter "la seule alternance crédible et responsable" pour "redresser le pays", disant son parti comme "prêt" à gouverner. Selon lui, le programme économique du RN est "chiffré et raisonnable". Il ne l'a cependant pas détaillé aussi précisément que le Nouveau Front populaire vendredi.
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"Un temps d'urgences" et "un temps de réformes"
En cas de victoire du RN le 7 juillet, un "premier temps" sera consacré aux "urgences", a indiqué Jordan Bardella. Il a abordé des "priorités": le "rétablissement de l'ordre républicain et de la sécurité sur tout le territoire", la "reprise en main de la politique migratoire", ainsi que "la défense du pouvoir d’achat".
Il a parlé de "redonner de l'oxygène" aux Français, notamment en "renouant avec les prix français de l'électricité" et la "baisse des taxes", en particulier la TVA. Jordan Bardella souhaite un "audit des comptes de la nation" afin de faire des économies. Il veut aussi agir sur la "sécurité" et "remettre l'autorité au cœur de l'action publique", surtout pour "les femmes et les représentants de l'ordre" avec notamment l'instauration de peines minimales et la fin de l'excuse de minorité. Jordan Bardella veut une meilleure "maîtrise de l'immigration" et "supprimer le droit du sol" et a évoqué une réforme du "regroupement familial".
Jordan Bardella a ensuite parlé du "temps des réformes" pour continuer "la reprise en main du pays", avec des mesures sur "l'idéologie islamiste" notamment.
Il a aussi clarifié ses propositions sur les retraites, après une réforme "injuste" et "inefficace sur le plan économique". Il a assuré, s'il devient Premier ministre, qu'"à compter de l'automne, les Français qui ont travaillé avant 20 ans et justifiant de 40 annuités de cotisations pourront partir à la retraite à 60 ans. "Pour les autres, une progressivité sera mise en œuvre, avec un âge légal de 62 ans et un nombre d'annuités allant jusqu'à 42 années de cotisations."
Un "big bang de l'autorité" à l'école
Le président du RN a dit vouloir un "big bang de l'autorité" à l'école "dès la rentrée de septembre". "Les téléphones portables seront interdits dans les établissements scolaires dont les lycées", "le vouvoiement des enseignants sera obligatoire et l'expérimentation du port de l'uniforme sera poursuivie: je suis, à titre personnel favorable à son instauration à l'école primaire, mais aussi au collège", a-t-il détaillé.
"Les écoles doivent devenir des zones de sobriété numérique."
Jordan Bardella a aussi parlé de "remplacer le collège unique par un collège modulaire" pour les voies techniques et manuelles et orienter "plus tôt" vers les filières professionnelles.
"Refaire de la France un pays de producteurs" et relancer la natalité
Jordan Bardella a dit vouloir des états généraux économiques "dès l'automne". Il affirme vouloir "refaire de la France un pays de producteurs" et "créer un fonds souverain".
Il a aussi émis l'idée de "lancer un grand plan 'manger français'" pour viser à "atteindre 80% de produits français dans les cantines scolaires à l’horizon 2027" et veut interdire les importations de produits agricoles "ne répondant pas aux standards appliqués en France".
Pour relancer la natalité française, il veut instaurer une "part fiscale pleine pour le deuxième enfant". Sur l'héritage, il veut réformer et alléger les impôts de succession pour "les familles modestes et la classe moyenne".
Jordan Bardella a indiqué vouloir un "retour de l'État en Outre-mer" et "un rétablissement de l'autorité", évoquant un ministère pour les Outre-mer. Il a dit vouloir aussi faire baisser la facture les habitants et assurer un meilleur accès à l'eau.
Il a assuré qu'il cherchera à "dissoudre toutes les organisations qui usent de la violence" en France, et ce qu'elles soient "d'ultragauche" ou "d'ultradroite". "La République doit être intraitable" et Jordan Bardella assure que "sa main ne tremblera pas", se posant en "garant" de la liberté de manifester avec comme "ligne rouge la violence".
Le président du RN a répété sa volonté de ne pas permettre aux binationaux d'occuper des postes "stratégiques" de la fonction publique dans le secteur de la Défense, qu'il veut "réserver aux citoyens français". Une mesure pour "défendre les intérêts stratégiques de la Nation". Il a souligné que c'est déjà le cas en ce qui concerne un certain nombre de postes et affirme ne pas "remettre en cause" la binationalité.
Jordan Bardella veut rétablir "la haute fonction publique", du "corps diplomatique et préfectoral", supprimée par Emmanuel Macron, et ce afin de rétablir un "État fort" dans son rôle "d'arbitre et de garant".
Il souhaite d'ailleurs supprimer les Agences régionales de santé (ARS) et que les préfets coordonnent directement la gestion sanitaire.
"Vigilance" face à la Russie, pas de reconnaissance de la Palestine dans l'immédiat
Jordan Bardella a assuré qu'il serait "extrêmement vigilant (face) aux tentatives d'ingérence de la Russie", s'il accédait au pouvoir. "Je considère la Russie comme une menace multidimensionnelle à la fois pour la France et pour l'Europe. La Russie conteste aujourd'hui des intérêts français, depuis plusieurs mois, plusieurs années sur nos zones d'influence historique en Afrique, en mer Noire et aussi dans nos outre mer, en prenant fait et cause pour notamment pour les Comores", a-t-il insisté.
Tout en assurant que le RN soutient la position historique de la France qui est celle de la solution à deux États, Jordan Bardella a affirmé qu'elle est "caduque dans l'immédiat". Selon lui, reconnaître un État palestinien "au moment où nous parlons, ce serait reconnaître le terrorisme", après les attaques du Hamas en Israël.
La promesse d'être un Premier ministre "respectueux"
Jordan Bardella a fait la promesse d'être, s'il était nommé, le Premier ministre de "tous les Français et toutes les Françaises", y compris de ceux qui n'ont pas voté pour son camp. "Nous ne serons pas une majorité qui écrase" ou une majorité "fermée", a-t-il dit, assurant qu'il écouterait "les idées" des autres camps, "de manière républicaine". Il a ainsi expliqué vouloir s'opposer à la manière de diriger d'Emmanuel Macron. Il a promis de renouer le dialogue avec les corps intermédiaires.
"Aucun droit ne sera enlevé à un seul Français, à une seule Française."
En cas de nomination à la tête du gouvernement, Jordan Bardella "n'entend pas être un collaborateur" du chef de l'Etat. Il assure qu'il sera "intransigeant" sur la politique qu'il souhaitera mener, mais qu'il sera "respectueux des institutions" et du rôle du président.
Interrogé sur la possibilité d'une majorité relative élevée (avec un nombre important de sièges à l'Assemblée), Jordan Bardella a répété: "Nous acceptons de constituer un gouvernement si nous avons la légitimité pour le faire et si nous avons la majorité absolue." Il ne souhaite pas passer "15 jours" en tant que Premier ministre par "gloire personnelle" pour se voir ensuite être obligé de partir en l'absence de majorité solide.