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Laurent Wauquiez provoque un tollé en proposant d'"enfermer" les OQTF dangereux à Saint-Pierre-et-Miquelon

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Le patron des députés LR Laurent Wauquiez propose "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) et qui refusent de rentrer dans leur pays.

Laurent Wauquiez, en campagne pour la présidence des Républicains, a proposé mardi "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF), provoquant un tollé au sein la classe politique.

"Je propose que les étrangers dangereux sous OQTF soient enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, hors de l'Hexagone", affirme le député de Haute-Loire dans un entretien au JDNews mis en ligne mardi.

"Ca va amener tout le monde à réfléchir"

Le patron des députés Les Républicains, qui dénonce le fait que la rétention administrative des étrangers sous OQTF soit limitée à 90 jours - sauf en cas d'infraction terroriste, souhaite ainsi leur mettre la pression pour qu'ils acceptent de repartir dans leur pays.

"Ils auraient une seule alternative: soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux", explique-t-il, ajoutant que ces personnes seraient bloquées à la douane si elles revenaient dans l'Hexagone, car ce territoire d'Outre-mer situé au large du Canada ne fait pas partie de l'espace Schengen.

Il semble aussi compter sur le climat de cet archipel français situé à quelque 4.000 kilomètres de la métropole et qui compte un peu moins de 6.000 habitants, pour les inciter à repartir vers leur pays d'origine.

"Il fait 5 degrés de moyenne pendant l'année, 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu'assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir", assure-t-il.

Laurent Wauquiez plaide également pour que cette mesure d'éloignement soit accompagnée "d'un vrai allongement de la durée de rétention, comme nos parlementaires l'ont proposé. C'est 18 mois en Italie, illimité au Royaume-Uni".

L'annonce de cette proposition se produit à un peu plus d'un mois du congrès LR qui doit désigner mi-mai le nouveau président du parti. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui brigue lui aussi la tête de LR et caracole en tête dans les sondages, a subi il y a un mois un revers après le refus de l'Algérie de recevoir une soixantaine de ses ressortissants sous OQTF dont le profil était qualifié de "dangereux" par Beauvau.

Pas une zone de relégation"

La proposition de Laurent Wauquiez a provoqué l'indignation d'une grande partie de la classe politique. Saint-Pierre-et-Miquelon, "c'est la France, pas une prison ou un centre de rétention", s'est indigné le ministre des Outre-Mers Manuel Valls dans un communiqué transmis à l'AFP.

"Aucun territoire français ne mérite d'être traité comme une zone de relégation", a-t-il dénoncé. "L'exil forcé, c'est une méthode de colon, pas d'élu de la République. Le bagne de Cayenne c'est loin et tant mieux".

La leader du Rassemblement national Marine Le Pen a aussi réagi sur X: "La place des OQTF, c'est dans leur pays ... sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens".

Quant à Stéphane Lenormand, député de l'archipel et membre du groupe parlementaire LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), il a déploré sur le même réseau social le "mépris" du député de Haute-Loire pour les habitants de l'archipel.

"Les OQTF c'est dans leur pays qu'il faut les renvoyer, pas dans le nôtre. Et c'est un descendant de bagnard (français) qui le dit", a également réagi Nicolas Metzdorf, député non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie.

À gauche, de nombreuses voix se sont aussi élevées, à l'image du député, ex-Insoumis, Alexis Corbière: "Quand le chef de la droite française réinvente le bagne, abolit en 1938 !", s'est-il indigné sur X.

Au sein du macronisme, Pieyre-Alexandre Anglade, dont la formation fait partie de la même coalition gouvernementale que LR, s'est également insurgé: "Tout ce qui reste de républicain chez Laurent Wauquiez, c'est le nom de son parti !".

C.A avec AFP