Le général Georgelin, ex-chef des armées et responsable de la restauration de Notre-Dame, est mort

Le général Jean-Louis Georgelin le 29 mai 2019 à l'Élysée - Ludovic Marin / AFP
La cathédrale Notre-Dame-de-Paris perd l'homme qui devait encadrer sa reconstruction. Le général Jean-Louis Georgelin, ex-chef d'état-major des armées, responsable de la reconstruction et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, est décédé vendredi lors d'une randonnée en montagne dans les Pyrénées. Il avait 74 ans.
"Le peloton de gendarmerie de Haute-Montagne est intervenu sur les pentes du Mont-Valier (...) et a découvert le cadavre d'un homme qui a été formellement identifié comme étant le général Georgelin", a indiqué un représentant du parquet de Foix, précisant que la piste accidentelle était privilégiée.
Le PGHM a été alerté par le gardien du refuge des Estagnous (2.246 m), en contrebas du Mont-Valier, qui l'a informé qu'un randonneur n'était pas rentré, a précisé le parquet, ajoutant que le général randonnait seul, selon les premiers éléments de l'enquête.
En mission pour Notre-Dame
Ce militaire qui avait été Grand chancelier de la Légion d'honneur mais aussi chef de l'état-major particulier du président de la République française sous le second quinquennat Chirac, avait été chargé en 2019 par Emmanuel Macron de superviser la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris après le violent incendie du 15 avril 2019.
Carré d'épaules, abord rugueux, grand rire, voix puissante, cet homme très attaché au patrimoine religieux cultivait le lien direct avec les compagnons du chantier, tel un officier avec ses soldats. Mais il pouvait rudoyer ses collaborateurs. Cela avait été le cas avec l'architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, qu'il avait prié en novembre 2019 de "fermer sa gueule" après s'être déclaré favorable à la reconstruction de la flèche à l'identique. Le général avait nié toute querelle, parlant de "respect et d'estime réciproques". En bon militaire, il se définissait comme chef d'opérations à la tête d'une "task force" pour Notre-Dame et clamait son obéissance totale à l'Etat.
"Je ferme ma gueule, ce n'est pas moi qui vais décider la flèche qui sera retenue, ce qui ne m'empêche pas de jouer à ma place le rôle que je crois devoir être le mien. A ma place, mais ce n'est pas la place publique", disait-il.
En fixant un objectif de cinq ans pour la restauration, Emmanuel Macron avait besoin d'un homme qui tranche dans les nombreux arbitrages entre des métiers et intérêts très divers. Une mission appréciée par Jean-Louis Georgelin, qui disait aimer que ça "dépote" et avait pour devise "avancer sans procrastination".
Général depuis 20 ans, cathlolique discret
Cet ancien élève de Saint-Cyr avait été promu général d'armée en 2003. Chef d'état-major des armées françaises (Cema) de 2006 à 2010, il avait supervisé les opérations en Côte d'Ivoire, Afghanistan, dans les Balkans ou au Liban. Originaire d'Aspet (Haute-Garonne), ce général cinq étoiles célibataire, né le 30 août 1948, était cultivé, peu mondain, sobre, et sa foi catholique était aussi ancrée que discrète.
En choisissant un catholique pratiquant pour orchestrer la reconstruction de Notre-Dame, Emmanuel Macron avait pris une décision assez politique et habile, appréciée par la droite, le diocèse de Paris et les fidèles.
"Ce n'est pas anormal de choisir un catholique pour une mission pareille", estimait le général Georgelin: "mon rôle est de rendre la cathédrale dans les meilleures conditions possibles, sans faire n'importe quoi, au culte catholique" expliquait-il, soulignant toutefois "la France laïque, toutes tendances confondues, a pleuré" en la voyant brûler.
Le haut-gradé assurait être "toujours en liaison étroite avec le Président", qu'il avait pourtant critiqué lors de la crise ouverte en 2017 avec son chef d'état-major Pierre de Villiers: "Je peux entrer en contact avec lui quand je l'estime nécessaire. Je crois qu'il m'honore de sa confiance".
L'hommage d'Emmanuel Macron
Le président Emmanuel Macron lui a rendu hommage ce samedi estimant que la France perdait "un de ses grands serviteurs" et Notre-Dame "le maître d'oeuvre de sa renaissance".
"Avec le décès du général Jean-Louis Georgelin, la Nation perd l'un de ses grands soldats. La France, un de ses grands serviteurs. Et Notre-Dame, le maître d'oeuvre de sa renaissance", a écrit le chef de l'Etat dans un bref message sur le réseau social X/Twitter.
"Une vie au service de la France. Jean-Louis Georgelin portait en lui une certaine idée de la loyauté et de l'engagement. Il ne verra pas Notre-Dame rebâtie, son dernier projet", a estimé sur X le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
L'actuel chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a également confié son émotion. "Admiration devant la force de caractère inébranlable de ce chef hors norme et son engagement total au service de la France poursuivi en dehors des armées", a-t-il posté sur la même plateforme.
Les deux anciens présidents de la République ont salué la mémoire du général Georgelin. Pour Nicolas Sarkozy, il était un "grand soldat et un grand chef" qui "a servi la France avec courage" et dont "le caractère bien trempé cachait une personnalité d'une grande humanité". Pour François Hollande, il assumait ses fonctions "avec une passion inépuisable et avec un professionnalisme exceptionnel".