500 ans de savoir-faire: qui sont les "compagnons" qui ont restauré les tours de Notre-Dame?

Ce vendredi, le président de la République Emmanuel Macron inaugure les tours de Notre-Dame de Paris. Des tours qui ont été restaurées par 2000 compagnons. Ces artisans qui incarnent l'excellence ont réalisé un travail époustouflant.
Plusieurs siècles après leur création, la reconstruction de Notre-Dame a montré qu’ils étaient encore indispensables. Les compagnons ont 500 ans et leur création remonte au 16e siècle! À l’origine, les compagnons, c’était tout simplement un réseau d’artisans dans toute la France qui s’aidaient les uns les autres. Et surtout qui se formaient les uns les autres. Puisque le compagnonnage, c’est une sorte d’école.
Alors voilà comment ça fonctionnait. Par exemple, vous étiez un jeune tailleur de pierre. Vous vouliez devenir compagnon. Donc vous commenciez un apprentissage. Une sorte de parcours initiatique. Et ça commençait par ce qu’on appelle un tour de France.
Et en quoi ça consistait?
Vous alliez de ville en ville, où vous étiez reçu par d’autres compagnons, qui vous transmettait leur savoir-faire et vous apprenaient leur métier dans votre spécialité. Et il y en avait pour tous les corps de métier: les imprimeurs, les cordonniers, les boulangers, les charpentiers.
Et à la fin de votre apprentissage, vous deviez réaliser ce qu’on appelle un "chef d’œuvre", c’est-à-dire une œuvre purement technique qui prouvait votre compétence, que vous étiez un artisan accompli. Vous passiez du statut d’apprenti compagnon à celui de maître.
Des rites particuliers
C'était comme une sorte de club. Un club avec plein de règles, et de rituels. Puisque les compagnons, c’est aussi une fraternité avec ses codes et ses mystères. Un peu à la manière de la franc maçonnerie.
Entre compagnons, ils faisaient des trucs bizarres. Par exemple, un des rituels quand les compagnons ils se retrouvaient, c’était la guilbrette. Alors la guilbrette, ça consistait à boire un verre de vin en se tenant bras dessus bras dessous et en croisant les genoux. C’était assez technique.
Une épopée à travers les siècles
Les compagnons vont traverser les âges mais au 19e siècle, le mouvement décline. L’artisanat est concurrencé par l’industrie. On produit plus, mais moins bien. Mais on continue à faire appel aux compagnons pour les restaurations de monuments.
Et il y avait même des députés qui étaient compagnons. C’était le cas d’un certain Agricol Perdiguier, qui était à la fois député et charpentier. Et oui, à l’époque, c’était possible. Il défendait les travailleurs, et certains le considèrent comme le tout premier syndicaliste de l’histoire de France.
Et aujourd’hui, le compagnonnage existe donc toujours. Environ 10.000 nouveaux compagnons sont formés tous les ans. Et ça n’est pas assez. L’incendie de Notre-Dame a démontré qu’on en avait besoin. Tout simplement parce qu’ils ont un savoir-faire unique. Qu’aucune industrie n’est capable de faire à leur place. L’argent n’achète pas tout.