"Le vote d'adhésion est plus fréquent": 42% des Français auraient déjà voté une fois pour le RN

42% des Français disent avoir voté au moins une fois pour le RN dans leur vie, selon une étude Ifop-Fiducial pour le Journal du dimanche et Sud Radio. Ils étaient 35% en 2021 et 30% en 2017, signe d'un ancrage continu du parti d'extrême droite, et d'une dédiabolisation mise en oeuvre par Marine Le Pen, après le retrait de son père Jean-Marie, plus clivant.
Les électeurs qui disent avoir déjà voté RN dans leur vie sont majoritairement les ouvriers, qui à 57% ont déjà voté RN, et les catégories sociales les plus "basses" (51%) sont surreprésentées. De façon plus surprenante, ceux se présentant comme "sympathisants de gauche" à 28%, et 27% des électeurs ayant choisi Jean-Luc Mélenchon en 2022, disent également avoir déjà voté RN.
Toujours un vote "contestataire"?
Le vote RN resterait massivement un vote de rejet. Dans 24% de cas, ceux qui ont déjà glissé un bulletin RN dans l’urne l’ont fait pour exprimer leur "mécontentement". Seuls 15% des personnes interrogées disent l’avoir fait par adhésion aux idées du parti.
"Certes, le vote du mécontentement existe, mais ce n'est quand même pas du tout majoritaire dans le vote RN", décrypte Olivier Rouquan, politologue, dans "Estelle Midi" ce lundi sur RMC et RMC Story. "Le vote d'adhésion est plus fréquent, le lissage des idées rend ce vote possible", selon lui, notant que l'idée qu'ils puissent être associés à un gouvernement progresse.
Encore un parti "raciste" pour une majorité d'électeurs
Autre limite pour le RN, il resterait un parti "raciste" pour une majorité d’électeurs: 59% d'entre eux selon l'étude, même si c’est en recul de près de 10 points par rapport à 2017. 55% des sondés pensent également que le RN serait "dangereux pour la démocratie". Un avis que ne partage pas Périco Légasse, chroniqueur à RMC et élu de la région Centre-Val-de-Loire.
"Arrêtons de jeter l'anathème", plaide-t-il sur RMC dans "Estelle Midi". "C'est aberrant. Le RN tel qu'il est aujourd'hui n'a jamais porté atteinte à la République", note-t-il, estimant qu'il a "connu le fascisme" dans sa jeunesse dans le Pays basque.
"J'ai connu le régime franquiste, je sais ce qu'est le fascisme, l'extrême-droite, la répression... Cela n'a rien à voir avec le RN", juge-t-il, estimant tout de même qu'il faut combattre le RN "sur les idées".
"Dénigrer, dévaloriser et dire qu'ils ne sont pas du camp républicain, c'est un mensonge et une erreur. Cela ne sert qu'à eux", selon lui, jugeant le "programme politique" de Marine Le Pen "plus à gauche" que Mélenchon.
Marine Le Pen présidentiable?
En revanche, Marine Le Pen ne fait pas l'unanimité et souffre toujours d’un manque de crédibilité. Seules 23% des personnes interrogées lui attribuent une stature présidentielle.
"Elle n'a pas la stature. On ne l'imagine pas à un sommet du G20. Ça, ça peut jouer", juge de son côté Robert Sebbag.
Electeur RN, Jonathan, auditeur RMC, confirme qu'elle n'a pas trop la stature, mais estime "qu'on ne fait rien pour qu'elle l'ait", jugeant les médias trop durs avec elle.
Le politologue Olivier Rouquan note toutefois que la crédibilité et la notoriété de Marine Le Pen reste à ce jour plus élevée que celle de ses lieutenants, comme le jeune Jordan Bardella, président du parti. "La personnalisation est importante, mais elle reste la mieux évaluée (dans son camp)", juge-t-il.