Législatives: Olivier Faure "souhaite un vote" à gauche pour désigner le Premier ministre

Alors que le Nouveau Front populaire a tenu son premier meeting en vue des prochaines législatives à Montreuil ce lundi soir, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) était l'invité du Face à Face sur RMC-BFMTV ce mardi 18 juin 2024. Un "espoir s'est levé" avec l'union de la gauche, a jugé Olivier Faure.
"Nous étions dans une situation, il y a un peu plus d'une semaine maintenant, le 9 juin, où nous avions le sentiment de quelque chose d'inéluctable: l'extrême droite devait l'emporter de manière assurée", a-t-il enchaîné. "Aujourd'hui, il y a un espoir" et "quelque chose se crée, naît", même s'il est "encore fragile" car "rien n'est assuré pour nous, nous n'avons pas gagné".
Et à ce propos, qui serait envoyé comme Premier ministre de la gauche en cas de victoire aux élections? Olivier Faure "souhaite un vote" pour le désigner. "Il y aura un vote puisque c'est la seule façon d'arbitrer, je n'en connais pas d'autre", a-t-il même affirmé.
>> Suivez notre direct sur les élections législatives
Le leader du PS a indiqué vouloir "que ce soit l'ensemble de celles et ceux qui formeront cette nouvelle majorité qui puisse se retrouver au lendemain du 7 juillet et désigner celui ou celle qui sera le mieux placé", rappelant qu'"il s'agit d'une majorité, pas de LFI toute seule". "La garantie, c'est que pour être Premier ministre, il faut avoir une majorité, à une condition qu'elle adhère à votre projet", a-t-il précisé. "Je ne peux imposer un socialiste."
En "situation de crise politique, on doit chercher celui ou celle qui a le profil de fédérer le pays sur une vision".
Soutien à Raquel Garrido et Alexis Corbière
Relancé sur le fonctionnement de LFI, qui procède parfois plutôt par nomination, Olivier Faure a souligné qu'il s'agit là d'une alliance de gauche plus large. "La seule façon de (la) faire durer sera d'avoir un fonctionnement démocratique."
Raquel Garrido et Alexis Corbière étaient présents à Montreuil. Les deux députés insoumis sortants, critiques de la direction de LFI, n'ont pourtant pas été réinvestis par leur mouvement pour les législatives. Se sont-ils "incrustés"? Alexis Corbière "était dans sa circonscription", a fait remarquer Olivier Faure. "J'accorde tout mon soutien à Raquel Garrido et Alexis Corbière", qui adhèrent au programme du Nouveau Front populaire, a indiqué le chef du PS. "Ce sont des voix fortes au sein de la gauche. Aucun ne sera de trop pour faire face à l'extrême droite."
Le racisme et l'antisémitisme, "combats de la gauche"
"Il y a un racisme systémique, endémique, aujourd'hui", a par ailleurs estimé Olivier Faure sur RMC-BFMTV, en soulignant qu'il "n'abandonne pas l'antisémitisme" et "n'oppose pas les victimes, les douleurs". Ce sont "les combats historiques de la gauche", "personne ne peut les abandonner", selon lui.
"Le racisme et l'antisémitisme sont des poisons dangereux pour la démocratie."
L'antisémitisme est-il "résiduel en France?" "Jean-Luc Mélenchon est revenu sur ses propos, et il a eu raison d'y revenir", a répondu Olivier Faure au sujet de cette expression qui avait fait polémique. "Personne ne peut considérer que l'antisémitisme en France aujourd'hui est résiduel", a-t-il affirmé, en rappelant l'augmentation des actes de cette nature. "Il faut évidemment protéger nos concitoyens français juifs comme nos concitoyens français musulmans, qui sont l'objet aujourd'hui d'agressions" et de "crimes", a-t-il poursuivi.
Quant à Gérard Filoche, "il avait tweeté une photo de manière rapide, un montage à caractère antisémite, on avait jugé qu'il fallait l'expulser". "Ce geste a été commis par inconscience", a expliqué le chef du Parti socialiste.
"Revenir sur les cadeaux fiscaux" et le pouvoir d'achat
"Transformer l'ISF en IFI, ça a coûté 3,2 milliards", selon Olivier Faure. "Depuis 2017, 450 milliards d'euros ont disparu des caisses de l'Etat, et ce essentiellement au profit des plus riches", a-t-il mis en avant. Ainsi, concernant le programme du Nouveau Front populaire, "il ne s'agit pas de faire la révolution, que les plus modestes se rassurent, on veut juste revenir sur les grands cadeaux fiscaux", faits par Emmanuel Macron et ses gouvernements et "dont ont profité les plus riches". L'objectif est de "redonner pouvoir d'achat aux Français".
"Il faut penser de manière dynamique", et "savoir si des Français peuvent encore manger à leur faim ou si on est encore dans la situation où les plus riches s'enrichissent". "Vous aurez un chiffrage précis du projet, les étapes aussi, il faut raisonner de manière dynamique", a promis Olivier Faure.
"Le RN a voté contre toutes les mesures qui puissent faire en sorte que les Français puissent vivre mieux", a-t-il encore dénonçé. C'est la "différence entre nous et le RN": concernant "les mesures sociales, ils ont toujours voté avec Emmanuel Macron". Jordan Bardella "voulait baisser la TVA sur les produits de première nécessité", or ce ne sera "finalement pas le cas": "La priorité pour lui est de donner des gages aux puissants et laisser penser qu'il ne va rien bouleverser", a jugé Olivier Faure.
"Je prône une logique de rupture, ce n'est plus possible qu'il y ait autant de gens qui vivent mal."
Immigration, police et séparatisme
Le Premier secrétaire du PS a appelé à regarder du côté des causes de l'immigration sur BFMTV-RMC. "Il doit y avoir une logique qui change sur la question migratoire", a-t-il détaillé: "Jamais vous ne quittez votre pays pour toucher quelques euros en France." En particulier, "si nous luttons contre le réchauffement climatique, nous avons une chance de pouvoir conujurer ces grands mouvements migratoires" prévus dans le siècle, a-t-il encore expliqué. Néanmoins, les OQTF "doivent être appliquées", selon lui.
Olivier Faure a aussi été interrogé sur les propos de Philippe Poutou, membre du NPA et du nouveau Front populaire, qui avait déclaré que "la police tue". "Il n'est pas le seul à l'avoir dit", a-t-il rétorqué, en reconnaissant que "ces formules à l'emporte-pièce vont un peu rapidement". "Si c'est pour alerter sur le fait qu'il y a des bavures qui ne peuvent pas être acceptées, je partage complètement leur point de vue. Si c'est dire qu'il y aurait une police forcément assassine, la réponse est non."
"La police est aussi là pour nous protéger et faire en sorte que nous puissions vivre libre. Dans les quartiers populaires, les gens ont besoin de la police et demandent sa présence, parce qu'ils savent que le principal obstacle à leur vie en sécurité aujourd'hui, c'est le narcotrafic."
"Je suis contre le séparatisme", a enfin affirmé le leader du PS. Il a jugé "aberrants" les propos du collectif "Urgence notre police assassine" (fondé par Amal Bentounsi, candidate LFI) qui avait répondu en 2015 sur Facebook qu'"on ne peut pas en vouloir à un croyant d'être homophobe si sa religion l'est". "Le Front populaire, c'est le front des libertés absolues. Je suis un laïc convaincu, jamais je n'imposerai à quiconque sa façon de penser. Nous devons vivre ensemble", a-t-il assuré.