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Alexis Corbière allume LFI après son éviction: "Pas démocratique", "petits comportements", "pratiques dégueulasses"

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Privé d'investiture aux législatives par LFI, le député sortant Alexis Corbière est revenu sur sa mise à l'écart ce lundi sur RMC. Il dénonce notamment le fonctionnement peu "démocratique" du parti.

Alexis Corbière en avait gros. Le député sortant de Seine-Saint-Denis est revenu sur sa mise à l'écart par LFI, dans Les Grandes Gueules sur RMC et RMC Story ce lundi 17 juin 2024. Raquel Garrido et Danièle Simonnet, ex-députées LFI, n'ont pas été non plus réinvesties par le parti pour les prochaines législatives.

"Recevoir un mail à 23h38, sans que personne ne vous passe un coup de fil" pour dire "vous n'êtes pas dedans (la liste)..." a-t-il raconté, désabusé. "J'entends des petites méchancetés et des mensonges de la part du coordinateur de La France insoumise (Manuel Bompard) qui dit qu'on a été appelés: c'est faux", a affirmé au passage Alexis Corbière.

Il regrette la manière dont il a été poussé dehors. "Je le rappelle à ce micro: ça fait 27 ans que je milite auprès de Jean-Luc Mélenchon. 27 ans! J'ai consacré ma vie, et je n'ai bien souvent pas été aux côtés de mes enfants, pour Jean-Luc, et j'en suis fier, pas de problème", a déroulé, visiblement très touché, celui qui est d'ailleurs le conjoint de Raquel Garrido. "Mais un mail à 23h38 pour dire 'tu dégages' sans aucune explication politique, ça démontre quelque chose qui est un problème."

"Même dans la boîte privée américaine la plus dure, tu ne licencies pas quelqu'un comme ça."

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"Ce n'est pas comme ça qu'on doit exister"

"C'est aux militants de décider. Ils n'ont pas été consultés", a poursuivi Alexis Corbière, accusant "une espèce de boîte noire, je ne sais même pas qui est là-dedans, un comité obscur électoral qui applique une purge". "Ce n'est pas un comité de gens inconnus à Paris qui décide qui est dissident", a-t-il encore estimé.

Mais cette "purge" est-elle vraiment une décision qui vient de Jean-Luc Mélenchon? "Évidemment, le reste n'est rien", a soufflé le député insoumis sortant.

De "petits comportements" pour de "grands évènements". "Les gens de gauche" ont "envie de garder le meilleur de l'insoumission, les belles idées, mais les pratiques dégueulasses ils n'en veulent pas", a jugé Alexis Corbière, critiquant le fonctionnement interne de La France insoumise.

"Ce n'est pas correct. Ce n'est pas comme ça qu'un grand parti de gauche doit exister."

"Pas démocratique"

"On doit régler nos problèmes comme ça? On ne promeut pas la VIe République, et moi je suis un farouche partisan (de celle-ci), le contrôle citoyen, la fin de la monarchie présidentielle en fonctionnant comme une petite principauté! Là, il y a un sujet", a renchéri Alexis Corbière. "On peut voter pour des gens qui n'acceptent pas ces méthodes", a-t-il dit, mettant en garde ceux "qui risquent d'être les prochains sur la liste".

"Pour gagner, être plus forts, aller chercher les millions d'abstentionnistes, qui sont des femmes et des hommes intelligents mais souvent dégoutés de la politique, il ne faut pas que nos pratiques soient trop perpendiculaires par rapport à notre projet."

Or, la manière dont il a été mis dehors "n'est absolument pas démocratique, et Jean-Luc le sait", a-t-il affirmé. "C'est quoi la démocratie? Ce n'est jamais idéal, mais qu'au moins les militants soient consultés."

"On n'est pas député à vie, m'a dit Jean-Luc Mélenchon. Il peut en parler tranquillement, il sait ce que c'est. Sans doute qu'il ne veut pas que nous fassions, comme lui, 35 ans de mandats, et d'un certain point de vue, il a raison", a aussi glissé Alexis Corbière, lançant une petite pique au chef de file de LFI.

Des "désaccords" de plus longue date

Les fractures ne datent pas d'hier. "Ça fait plus d'un an au sein de LFI qu'il y avait des désaccords. J'ai été en désaccord avec certains choix stratégiques qui avaient été faits", a expliqué Alexis Corbière sur RMC. Par exemple lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, citant notamment "certains tweets" de Jean-Luc Mélenchon et des critiques visant les syndicats ou les communistes empêchant de "créer l'unité", ou de la position à tenir au sujet d'Adrien Quatennens, accusé puis condamné pour violences conjugales, et de sa ligne de défense, ce qui "était plus que maladroit" voire "pas éthique", selon lui.

Il a aussi évoqué le positionnement adopté par LFI sur le conflit au Proche-Orient, se disant "pro-palestinien" mais regrettant que l'attaque du Hamas contre Israël n'ait pas été plus clairement condamnée, surtout qu'il "se doutait" que "la riposte" du gouvernement de Benyamin Netanyahou "allait être terrible". "Ce qui a eu lieu le 7 octobre, j'ai considéré tout de suite que c'étaient des crimes terroristes et qu'il n'y avait pas à discuter là-dessus", ce que n'ont pas fait d'autres élus insoumis.

Alexis Corbière a affirmé que d'autres voix dissonantes existent au sein du parti, comme celles de Clémentine Autain ou François Ruffin, mais qu'elles n'ont pas être toutes écartées en même temps, par "malice" et par souci de discrétion et de pouvoir se défendre d'une "purge".

"Je défends le Front populaire"

"Je ne veux pas utiliser tout mon temps de parole pour polémiquer", a assuré Alexis Corbière, malgré son éviction. "Je défends le programme du Front populaire."

"J'appelle à voter pour tous les candidats du Nouveau Front populaire, dans toutes les circonscriptions, quelle que soit leur étiquette de départ."

"C'est un gros malin", a jugé Alexis Corbière à propos de François Hollande et de sa candidature, se disant "en désaccord total avec lui". Néanmoins, "il doit y avoir un pôle de gauche très puissant (…), il faut tout faire pour éviter que ce soit le RN qui l'emporte et que ce soit Jordan Bardella Premier ministre", a ajouté l'ex-député LFI de Seine-Saint-Denis.

Alexis Corbière a également été interrogé sur l'éventualité de se retrouver avec Jean-Luc Mélenchon en tant que Premier ministre. "Il faudra voir la géographie politique, déjà. C’est plutôt le groupe le plus important qui propose un nom. Beaucoup de gens sont très en colère chez LFI. Après, on verra qui peut être consensuel. Un bonhomme comme François Ruffin est consensuel, Clémentine Autain aussi et peut-être d’autres. Il y a des pratiques qui rendent des gens non consensuels", a-t-il estimé.

François Hollande? "Non. Il ne sera pas consensuel. Même les socialistes ne le soutiendront pas."

Maxime Ponsot