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Marine Le Pen condamnée: le "trouble" de François Bayrou agace même dans son propre camp

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Depuis la condamnation de Marine Le Pen, l'attitude du Premier ministre François Bayrou, interroge. Le chef du gouvernement a évoqué son "trouble" à propos de l'exécution provisoire de l'inéligibilité de celle qui vise la présidentielle 2027. De quoi faire lever des doutes y compris dans son propre camp.

Mardi, à l’Assemblée nationale, les propos de François Bayrou ont semé le trouble. Le chef du gouvernement, sans remettre en cause la condamnation de Marine Le Pen, a exprimé des interrogations sur l'exécution provisoire de son inéligibilité et le fait qu’elle ne soit pas susceptible de recours.

Les oppositions ont dénoncé une atteinte à l’indépendance de la justice et les critiques sont aussi venues de son propre camp. Le gouvernement n'a pas à critiquer une décision de justice. Un principe que rappelle le Premier ministre lui-même, mais quelques secondes plus tard…

“Il est vrai qu’il y a des interrogations. L’exécution provisoire fait que des décisions lourdes et graves ne sont pas susceptibles de recours”, appuie-t-il au micro.

François Bayrou semble ouvrir la porte à une modification du droit. “C’est le Parlement qui fait la loi. Pour vous, la réflexion doit être conduite”, ajoute François Bayrou.

Gabriel Attal met en garde

Marine Le Pen hoche la tête, signe qu'elle approuve, quelques députés RN applaudissent même le Premier ministre. Mais indignation à gauche et opposition aussi chez une partie des siens. François Bayrou se dit "troublé" par le jugement et l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal, lui répond. "Moi, je ne suis jamais troublé par la démocratie. Prenons garde à ne pas donner aux Français l’image d’un monde politique qui se regarde le nombril”, assure-t-il.

Agacement quasi généralisé chez les élus du camp macroniste… "Non, un Premier ministre ne devrait pas dire ça…", "c’est une pente glissante“ sur une décision de justice, il ne peut pas y avoir de "oui mais". Voilà ce qui circulait dans les couloirs de l’Assemblée y compris au sein du MoDem, le parti du Premier ministre.

Certains y voient une maladresse, d'autres une sortie totalement hors de propos, donnant le sentiment qu’il ménage le RN, voire qu’il donne une place à la proposition d’Eric Ciotti de changer la loi qui a condamné Marine Le Pen.

Il faut aussi un recadrage au sommet de l'Etat, réclame le patron du PS, Olivier Faure. "Je souhaite que le chef de l’Etat, garant de l’indépendance de la justice, vienne rappeler à l’ordre aussi ceux qui, jusqu’au Premier ministre, doutent de la décision qui a été prise”, dit-il. Un proche de François Bayrou tente de justifier. "Pour comprendre son état d'esprit, il ne faut pas oublier que lui aussi a été confronté à la justice", souffle-t-il.

Bayrou relaxé dans une affaire similaire

François Bayrou a en effet été relaxé l'an dernier en première instance dans un procès comparable concernant les assistants d'eurodéputés de son parti centriste, le MoDem. Le parquet a fait appel de cette décision.

Cyprien Pézeril avec Guillaume Descours