Rachida Dati "trypophobe"? Ses propos sur les fouilles archéologiques font polémique

Les propos de Rachida Dati sur l'archéologie préventive ont été accueillis froidement par la profession. La ministre de la Culture avait estimé le 5 avril que des fouilles étaient parfois réalisées "pour se faire plaisir" et qu'il valait mieux "mettre l'argent public dans la restauration du patrimoine que de creuser un trou pour un trou". Quinze archéologues s'en sont émus dans une tribune publiée dans Le Monde le 13 avril dernier.
Rachida Dati s'était rendue au Château de Dampierre (Yvelines) pour assister à l'inauguration des restaurations de l'édifice. C'est lors de de déplacement que la ministre de la Culture a tenu ses propos sur l'archéologie préventive. Celle-ci consiste à détecter et parfois à creuser pour sauvegarder des éléments du patrimoine susceptibles d’être affectés par des travaux d’aménagement privés ou publics.
Avant de construire une route, des logements, un supermarché, des vérifications peuvent être réalisées afin de s'assurer qu'un élément patrimonial de valeur ne serait pas endommagé.
Pas de réforme de prévue, assure le ministère
Dans leur tribune, les archéologues suspectent Rachida Dati de vouloir changer la loi pour avoir moins de "trous", moins de fouilles, afin de réduire les délais et les coûts en ne retenant que les prescriptions archéologiques les plus indispensables, et ce au détriment du patrimoine. Les archéologues accusent même la ministre d'être "trypophobe", c'est-à-dire la phobie des trous.
Le ministère de la Culture, joint par RMC, assure qu'il n’y a aucun projet de réforme de la loi sur l’archéologie préventive ni de revenir sur la Convention européenne de Malte pour la protection du patrimoine dont la France est signataire depuis 1992. Même son de cloche en ce qui concerne la loi française de 2001 qui fait autorité en la matière !
Peu de fouilles en réalité sur les chantiers
Par ailleurs, concernant les "trous inutiles" mentionnés par la ministre de la Culture, 5 à 6% seulement des chantiers de construction et de rénovation donnent lieu à des fouilles.
La ministre aurait donc parlé trop vite ? Non, dit-on au ministère, car ses propos concernaient la restauration du Château de Dampierre où le propriétaire privé a dû dépenser près de 2 millions d’euros pour ces fouilles archéologiques, qui ont permis d’exhumer les vestiges des bassins et des jardins du château.
Ces coûts élevés et la complexité des procédures peuvent parfois rebuter les communes et les propriétaires privés qui renoncent alors à restaurer le patrimoine. Toujours selon le ministère de la Culture, Rachida Dati mieux les accompagner dans leurs projets et devrait s'exprimer sur ce sujet lors d’un déplacement prévu à la fin de la semaine.